Au Québec - À chaque ville son défi
Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités 2012
Les municipalités du Québec ont beaucoup évolué et leur champ d’action s’est élargi, tout comme la gamme des services offerts aux citoyens. Ce changement apporte de nouveaux défis à une administration municipale. Mais des défis qui varient selon le type de municipalité. Entrevues avec Deborah Bélanger, mairesse de la ville de Rivière-Rouge, et Marc Bureau, maire de la ville de Gatineau.
Créée en 2002 lors des fusions municipales, la ville de Rivière-Rouge, située dans les Hautes-Laurentides, réunit l’ancienne ville de L’Annonciation ainsi que les villages de Marchand et Sainte-Véronique. Cette municipalité de 4500 âmes est responsable de l’offre des services à l’ensemble de l’agglomération, qui comprend aussi la ville de La Macaza, défusionnée en 2006. La principale activité économique est le secteur des services, suivi du tourisme. « Avec trois rivières et cinquante lacs sur notre territoire, souligne Deborah Bélanger, nous sommes aussi une région de villégiature. »
Comme pour plusieurs collectivités rurales, le défi principal est le vieillissement de la population. « Les jeunes partent pour les études et souvent ne reviennent plus. Il faut donc trouver des moyens d’attirer chez nous de jeunes familles. » Plusieurs initiatives ont été mises en place. La construction d’une voie de contournement, qui a désengorgé la rue principale, a permis à la municipalité de revitaliser son centre-ville. On a aussi mis l’accent sur les loisirs de plein air. « Il y a évidemment de la chasse et de la pêche dans notre région, mais on a aussi développé d’autres activités de plein air par l’aménagement de pistes cyclables et de ski de fond, qui sont très appréciées des citoyens. »
Un autre projet qui aiderait à attirer les jeunes familles est l’éventuelle construction d’une nouvelle école secondaire. « L’école que nous avons arrête après la deuxième secondaire, ce qui force déjà les enfants à aller étudier à l’extérieur de la municipalité. Une nouvelle école donnerait aussi l’occasion d’innover en conférant un caractère particulier à l’école, par exemple en faire une école internationale, ce qui cadrerait avec le caractère international de Mont-Tremblant. »
Et le fait que la ville de Rivière-Rouge est un endroit de villégiature rajoute au vieillissement de la population. « Les personnes qui ont un chalet ici, au moment de leur retraite, vendent souvent leur maison et choisissent alors de transformer leur résidence secondaire en résidence principale. Cet ajout de retraités nous oblige à revoir, par exemple, notre prestation de services en santé. Mais ce sont souvent de jeunes retraités dynamiques et pleins d’expérience. Mon souhait et mon défi sont de les engager davantage dans la collectivité. »
Gérer la croissance
Située en face d’Ottawa, la capitale canadienne, la ville de Gatineau doit affronter un défi tout autre que celui de Rivière-Rouge. « Notre plus gros défi présentement est de gérer notre croissance, explique Marc Bureau, maire de la ville de Gatineau. La population de Gatineau augmente présentement d’environ 6000 habitants par année et cette tendance se maintiendra au moins pour les 15 prochaines années. De plus, la moyenne d’âge est de 38 ans, l’une des plus basses au Québec. »
Cette augmentation s’explique principalement par un solde migratoire positif avec la ville d’Ottawa. « D’une part, le prix d’une habitation est plus bas à Gatineau qu’à Ottawa et, d’autre part, il y a la question des services. Par exemple, une place en garderie à Ottawa coûte 50 dollars par jour, mais, à Gatineau, il y a les places à sept dollars. Ce sont des facteurs qui jouent lorsqu’on est une jeune famille. »
Outre l’augmentation des investissements municipaux dans les infrastructures qu’amène pareille croissance démographique, elle pose aussi le défi de l’emploi. L’activité économique principale demeure celle engendrée par la présence du gouvernement fédéral. « Notre défi est de diversifier notre économie et de faire en sorte qu’elle repose moins sur la présence du gouvernement fédéral. D’ailleurs, les coupes annoncées sont un signe qu’on ne peut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. Mais notre région est très peu entrepreneuriale et nous avons dû mettre en place un vaste programme, accompagné de mesures concrètes visant à attirer chez nous de nouvelles entreprises. Par exemple, les nouvelles entreprises qui s’installent au centre-ville jouissent de crédits de taxes. Cela nous a permis en deux ans d’attirer sur notre territoire 1700 nouvelles entreprises, pour la plupart, par contre, des entreprises de services. Notre prochain défi est d’attirer chez nous les entreprises de haute technologie. »
Le tourisme est aussi un défi de taille, car, même si la ville compte de nombreux attraits, dont le Musée canadien de la civilisation, le Casino du Lac-Leamy ainsi que le magnifique parc de la Gatineau, elle demeure en déficit par rapport à sa voisine ontarienne. « Chaque année, la ville d’Ottawa reçoit environ 7 millions de touristes, mais seulement 3,4 millions de ces derniers traversent l’un des ponts pour se rendre à Gatineau. » C’est la raison pour laquelle la Ville de Gatineau a dans ses cartons un grand projet d’aménagement récréotouristique. « Nous voulons aménager un grand espace public de six kilomètres de distance le long de la rivière Outaouais, près des chutes de La Chaudière, là où autrefois on trouvait les installations d’E. B. Eddy. Ce site récréotouristique mettrait en valeur la rivière Outaouais et ferait office de place des festivals. Il pourrait aussi ultérieurement accueillir le nouveau Musée des sciences, que le gouvernement fédéral doit reconstruire. »
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Collaborateur
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