Les trois jours de Casteliers - Les marionnettes envahissent l'Outremont

Le cygne, une production du Théâtre de deux mains, sera pré-sentée à l’occasion des Trois jours des Casteliers.
Photo: Marie-Pierre Simard Le cygne, une production du Théâtre de deux mains, sera pré-sentée à l’occasion des Trois jours des Casteliers.

Ils sont comme les trois mousquetaires. Ils sont trois, mais en fait ils sont quatre. Ce sont Les trois jours de Casteliers, un festival mettant en vedette l'art de la marionnette sous toutes ses formes. Sur scène, pendant quatre jours, des histoires de cape et d'épée, mais aussi des contes déjantés, des thrillers, des cabarets, des saltimbanques, de l'opéra, des ateliers, des expositions et des créations audacieuses qui tentent de repousser les frontières de la marionnette.

Dans l'imaginaire collectif, la marionnette est encore trop souvent associée à l'enfance. Louise Lapointe, directrice de l'organisme Casteliers, est la première à le reconnaître. C'est un préjugé qu'elle tente de déboulonner en diffusant des oeuvres de tous horizons s'adressant tant à un public d'enfants que d'adultes. «Encore aujourd'hui, lorsqu'on parle de marionnettes, les gens associent cela au théâtre pour enfants. Pourtant, il y a de plus en plus de compagnies de théâtre et même des artistes de différentes disciplines qui s'y intéressent pour leur création.»

Elle parle de créateurs en danse, en musique et en cinéma qui commencent à explorer les différentes facettes et techniques de la marionnette pour l'intégrer à leur art.

Pour promouvoir l'art de la marionnette au quotidien, l'organisme Casteliers crée des liens entre les différents organismes de diffusion, de création et d'enseignement, tant sur la scène locale qu'internationale. Le travail de sensibilisation culmine avec le festival international de marionnettes, Les trois jours de Casteliers, qui revient chaque année au Théâtre Outremont pendant la semaine de relâche scolaire.

«C'est intéressant d'organiser un festival et d'offrir des plages de diffusion à ces travaux-là, qui sont souvent plus difficiles à incorporer dans les saisons traditionnelles», explique la directrice de Casteliers.

Des débuts modestes

Issue des arts visuels et de la scénographie, Louise Lapointe s'est lancée dans l'univers de la marionnette il y a un quart de siècle déjà. Ce qui la fascine, c'est son aspect visuel, multiforme, qui profite à la fois du geste, du mouvement, de la matière, de la couleur et des sons. C'est l'art pour l'art, sans nécessairement passer par le texte, comme c'est généralement le cas au théâtre.

«Je reviens toujours à sa force métaphorique, à sa force poétique... Je crois que la marionnette répond au besoin d'expression contemporaine d'une façon tellement visuelle que cela s'inscrit dans le courant actuel de la vidéo.»

C'est donc en 2005 que Louise Lapointe a fondé Casteliers à Montréal. Très rapidement, la responsable des activités culturelles de l'arrondissement d'Outremont lui a proposé de monter un festival qui mettrait en valeur cet art aux multiples facettes. «On répondait vraiment à un besoin du milieu», assure Louise Lapointe en entrevue.

La réponse s'est matérialisée l'année suivante, en 2006, avec la toute première édition des Trois jours de Casteliers. «C'était vraiment très modeste, se remémore la fondatrice de l'événement. À ce moment-là, les gradins étaient directement sur la scène. C'était tout petit, mais on a eu un succès remarqué.»

Depuis ce jour, l'engouement pour l'art de la marionnette ne cesse de s'accroître et, année après année, les festivaliers sont de plus en plus nombreux à fouler le parvis du Théâtre Outremont pour assister à la magie des Casteliers, vieux nom français désignant les montreurs de marionnettes.

«Notre assistance a triplé depuis les débuts, s'emballe Louise Lapointe. La première année, nous avons eu un peu plus de 500 spectateurs. L'an dernier, nous étions rendus à 1600, et nous espérons encore que ça augmente cette année.»

Nouvelles créations

Pour sa septième édition, le festival innove en sollicitant l'aide des commerçants de l'arrondissement, dont un peu plus d'une vingtaine ont accepté de se prêter au jeu. «Nous profitons de l'événement pour exposer des marionnettes dans les vitrines des commerçants. Ça va nous permettre d'avoir une exposition de parcours pendant trois semaines — la semaine du festival et les deux précédentes — et donc d'être très visibles et de toucher un public plus large.»

Cette année, onze spectacles sont au menu, dont six s'adressent à la famille. Nombre d'entre eux sont de nouvelles créations de compagnies québécoises, comme Le cygne, du Théâtre de Deux Mains, et Les voyages de Gulliver, du Petit Théâtre de Sherbrooke. «C'est vraiment très intéressant de pouvoir aider à la diffusion de nouvelles créations», se réjouit Louise Lapointe, qui réserve également une soirée aux diplômés des écoles de marionnettes.

Casteliers signe même sa toute première coproduction, Pomme, une création franco-québécoise du Théâtre des Petites Âmes, de Montréal, et de la Compagnie Garin Touseboeuf, de la France. Une oeuvre qui se définit comme un «road-movie», un «poème marionnettique à déguster en famille».

Les adultes ne sont pas en reste, avec des oeuvres éclatées comme Anatomie de l'objet, du Théâtre de la Pire Espèce, ou The House, un thriller comique de la Danoise Sofie Krog.

La France à l'honneur

Le festival profite de la venue d'artistes reconnus, de passage à Montréal, comme le musicien électroacousticien Laurent Bigot, de la Compagnie Sidoine, qui met en mouvement des objets sonores dans son numéro, Le petit cirque, acclamé en Europe.

Les trois jours de Casteliers accueille également Bob Théâtre, de la France, avec le spectacle pour enfants Princesse K, et le Théâtreenciel, qui présente Ni fini ni infini, une oeuvre pour tous dirigée par la sommité de la marionnette, Roland Shön, qui en est à sa première visite au Canada.

Une belle place a été faite à la France cette année, mais c'est un peu par hasard, explique Louise Lapointe. Car son équipe et elle ne travaillent pas par thème, mais plutôt en suivant les oeuvres et les artistes au fil de leurs créations.

«L'élément central, c'est la qualité. C'est le premier critère de nos programmations et de nos sélections. Nous voyons les spectacles, nous faisons d'abord un choix par rapport à la qualité et ensuite nous essayons de voir s'il y a un thème qui en ressort.»

Rythme de croisière


Depuis sept ans, le festival Les trois jours de Casteliers est devenu un incontournable. Le festival a atteint son rythme de croisière et il est devenu, selon sa directrice, un événement attendu au calendrier culturel montréalais.

«Je pense que nous avons atteint l'âge de raison, plaisante Louise Lapointe. Nous sommes vraiment heureux de voir comment le festival se développe et, même si nous restons un jeune organisme, c'est intéressant de savoir que nous posons nos bases et que nous sommes reconnus pour le travail que nous faisons, pour l'apport de la reconnaissance des arts de la marionnette.»

Les incontournables? Ses préférences? Elle n'ose pas se compromettre. «Nous avons une sélection vraiment pointue et les spectacles que nous offrons sont tous marquants. Je demande aux gens d'être curieux et de s'aventurer au Théâtre Outremont.»

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Collaboratrice du Devoir

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