Travail - De la formation continue pour tous!

Martine Letarte Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Noël responsable

Pour améliorer son employabilité, il est rendu incontournable de faire de la formation continue. Or les besoins sont différents d'une personne à l'autre.

Vous perdez votre emploi. Vous vous retrouvez en chômage. Le gouvernement a des mesures de soutien pour permettre à des chômeurs de se former pour améliorer leur employabilité. Toutefois, comme vous êtes une personne faiblement alphabétisée, ces mesures, axées sur les résultats rapides, ne sont pas pour vous. Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) souhaite que le Québec sorte de sa logique de résultats rapides à tout prix pour permettre aux gens peu alphabétisés de se former à leur rythme.

«Dans l'enquête de Statistique Canada en 2003, on apprenait que 45 % des gens en emploi au Québec se situaient dans les deux niveaux les plus faibles de littératie. Pour demeurer actifs sur le marché du travail, ces gens-là ont aussi besoin de formation», affirme Ginette Richard, responsable du développement des pratiques au RGPAQ.

Au Québec, bien des gens ne dépassent pas le niveau de littératie le plus faible. «Chez les 16 à 65 ans, donc les gens en âge de travailler, ils étaient 800 000 en 2003», précise Mme Richard. Si ces gens peu alphabétisés sont exclus des programmes de formation continue, ils risquent fortement d'être exclus du marché du travail prochainement. «Avec l'évolution du marché du travail, les niveaux de compétences et de connaissances exigés sont toujours plus élevés. Les gens en emploi qui se situent au niveau 1 de littératie, soit le plus faible, se retrouvent donc en situation très précaire», explique Ginette Richard, qui a encadré la production du dossier «Alpha et Emploi», du RGPAQ, publié le printemps dernier.

Peu de programmes adaptés

Déjà, lorsque les employeurs offrent de la formation continue, c'est souvent de niveau universitaire ou collégial. De plus, lorsque les gouvernements mettent en place des mesures pour développer l'employabilité des gens, Ginette Richard remarque souvent que ces programmes sont orientés vers les gens les plus près du milieu de travail. «Le gouvernement veut avoir des résultats rapidement pour démontrer l'efficacité de ses programmes.» Elle déplore que cette stratégie exclue bien des gens. «Il ne faut pas négliger les travailleurs avec le plus faible niveau de littératie», croit-elle.

Si le RGPAQ voit cette tendance aux résultats rapides dans les programmes gouvernementaux, il la voit aussi dans le financement gouvernemental que les groupes populaires en alphabétisation reçoivent pour faire des activités en lien avec l'emploi. «Auparavant, lorsque quelqu'un commençait une démarche liée à l'emploi dans un groupe populaire en alphabétisation, il en avait pour deux ans. Maintenant, la durée est généralement de huit mois», précise Mme Richard.

Au Groupe Alpha Laval, le projet préparatoire à l'emploi dure 13 semaines. «C'est court, si on considère que ces gens peu alphabétisés doivent reprendre confiance en eux. Ils doivent aussi faire le tour des compétences qu'ils ont et apprendre à les défendre», explique François Brossard, coordonnateur du Groupe Alpha Laval.

Des obstacles

Pour pouvoir participer à ces activités liées à l'emploi dans les groupes populaires en alphabétisation, les gens doivent obtenir la recommandation de leur centre local d'emploi.

«Déjà, pour une personne peu alphabétisée, devoir faire une demande à son centre local d'emploi peut être un obstacle, remarque M. Brossard. Ce n'est pas écrit sur leur front qu'ils sont peu alphabétisés. À l'accueil, l'agent leur demande de remplir des formulaires. Pour plusieurs, c'est difficile. Et ils ont honte. Pour certains, c'est suffisant pour les empêcher d'y aller.»

Il arrive également qu'on refuse à des gens l'accès à des programmes d'activité en lien avec l'emploi qui sont donnés par des groupes populaires en alphabétisation, remarque Ginette Richard.

Le RGPAQ représente 82 groupes dans la province. Parmi eux, seulement la moitié environ travaillent sur la question de l'emploi. «C'est trop peu, affirme Mme Richard. Le problème, c'est qu'il y a peu de ressources pour soutenir ces activités. De plus, le financement doit être renouvelé chaque année, donc ça crée de l'instabilité.»

Parlez-en à François Brossard. Le Groupe Alpha Laval offre des projets préparatoires à l'emploi depuis 12 ans. «Nous sommes chanceux parce que notre financement a toujours été reconduit, mais c'est tout de même un stress chaque année», précise-t-il.

Des solutions multiples

Le RGPAQ souhaiterait que, plutôt que d'essayer de faire entrer tout le monde dans le même moule, on offre différents types de ressources pour améliorer l'employabilité des gens. «On doit avoir le choix de faire des démarches courtes ou longues, avec différentes approches, dans différents types d'établissement. Ainsi, les gens pourront trouver ce qui répond le mieux à leurs besoins, à leurs capacités et à leurs intérêts», affirme Ginette Richard.

Le RGPAQ croit aussi que les employeurs doivent appuyer les initiatives en alphabétisation. Certains groupes font ainsi de l'alphabétisation en milieu de travail.

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Collaboratrice du Devoir

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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