Et si c'était un vrai cadeau...

Ce texte fait partie du cahier spécial Noël responsable
Noël est à notre porte. Il y aura de la frénésie dans l'air. Et les enfants seront ce matin-là tout sourire, avec des espérances plein la tête. Entre papiers et boîtes, les cœurs balancent. Mais que serait le vrai cadeau que les Québécoises et les Québécois pourraient recevoir? À propos d'un Noël responsable.
Un jour parmi d'autres, au Malawi. Une petite fille affiche sourire: elle porte sous ses bras les derniers «arrivés» de la famille, ce cadeau qui vient d'ailleurs, transmis par des donateurs inconnus, mais qui va permettre des années durant de garantir une source alimentaire et de moins faire craindre ces jours où on déchante. Un poulet pour Noël? Eh oui! Et surtout, on ne le mange pas!Quand nous pensons au tiers-monde, voire au quart-monde, il est facile de concevoir des cadeaux «durables». Et, à longueur d'année, à la suite des catastrophes naturelles ou provoquées par la main de l'homme, la guerre entre autres, la planète occidentale a des sursauts de générosité où, par des gestes concrets, elle participe à des efforts de relance pour remettre sur pied des régions dévastées. Et qui le fait en tire gloire: Bill Gates connaît ainsi un deuxième succès personnel quand on fait étalage des actions que propose sa fondation.
L'utilitaire comme cadeau, pourquoi pas?
Économiser
Qui regarde la télévision, fréquente Internet ou tourne les pages des magazines sait qu'il y a du «Noël» dans l'air. Et combien de fois par jour lecteurs et téléspectateurs ne sont-ils point mis devant une évidence: plus vous dépensez, plus vous économisez? Pourrait-on agir mieux en ce jour de consommation où tout est dit rabais, cette «chose» qui serait profitable à tous? En économie, l'économe n'a pas sa place!
Et les ténors de la classe économique, à l'époque avec à leur tête un George W. Bush, le même que celui qu'Amnistie internationale voudrait maintenant voir citer à comparaître au Tribunal pénal international, ceux-là pour qui «consommation» veut dire «source de profits», pour qui «gaspillage des ressources» signifie «augmentation des revenus», eux qui ne pensent qu'en termes d'augmentation des PIB, indépendamment des conséquences de telles politiques, n'ont donc qu'un seul discours: faire en sorte qu'on produise et par la suite qu'on consomme, indépendamment des risques et périls. Et on demandera aussi à un travailleur de se «sacrifier», d'admettre une baisse des revenus ou la perte d'un emploi: les revenus engendrés par les entreprises feraient augmenter, plastronne-t-on, les dividendes potentiels de sa caisse de retraite.
Conserver
Nous vivons dans une société riche. Qu'elle soit égalitaire, cela est autre chose. Qu'elle soit pensée en fonction du plus grand nombre, on peut aussi en douter. Et plus d'une fois on se demande pour quoi et à qui profitera ce progrès dit nécessaire, ce progrès qui sous-entend qu'il faut toujours faire plus, s'activer plus encore et surtout continuellement mettre au rebut ce qui, la veille encore, était souvent considéré comme de première nécessité.
Dans un monde néolibéral, le nécessaire a la vie courte: tous les produits générés par la nouvelle technologie ont ainsi une date de péremption de plus en plus rapprochée du moment de leur achat. Et a beau recycler qui recycle, il ou elle se retrouvera devant l'obligation d'acheter à nouveau.
Au nom de l'implacable croissance, tout devient permis: un champ n'est plus un champ, mais un lieu où on peut déposer des outils de forage; une usine n'est plus un lieu de travail, mais une unité de production; et la nature n'est plus un lieu naturel, mais un futur dépotoir de ressources, dont la surface peut être rasée ou éventrée.
Aussi, que serait donc un vrai cadeau de Noël? Serait-il durable, durable dans le sens qu'il n'entraînera pas l'épuisement de la ressource qui a permis qu'il prenne forme? Serait-il responsable, car il sera voulu pour le plus grand bien de tous? Serait-il solidaire, car il découlerait d'un juste partage du bien collectif? Et serait-il utile, pas simplement utilitaire? Et pourrait-il être généreux, et non pas simplement un objet qui s'ajoute dans un décor déjà trop surchargé?
Recevoir
En retour, ceux qui profitent des gains engendrés par les entreprises de production affichent, de publicité en publicité, le fait et les faits de leur générosité. Mais il faudrait garder en mémoire que les «cadeaux» des grandes entreprises, indépendamment du lieu et des personnes qui les reçoivent, ne peuvent servir de justification à toute exploitation, en ressources et en personnes, à cette exploitation qui les a rendus possibles.
Aussi, que serait le vrai cadeau qui ferait un vrai Noël pour toute la société québécoise? En agriculture, en paysage, en emploi, en dons divers? À vous de lire pour le savoir. Et que votre Noël soit ainsi joyeux en prime.
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.