Les hommes suicidaires sont difficiles à rejoindre

La majorité des hommes qui se suicident le font à la suite d'une rupture amoureuse. Plusieurs le font également après avoir perdu leur emploi.

Car les hommes de 35 à 49 ans demeuraient le groupe le plus affecté par le suicide en 2009, suivi par celui des hommes de 50 à 64 ans. Une clientèle plus difficile à rejoindre pour les intervenants que celle des jeunes.

C'est ce dont témoignaient hier la brochette de médecins, de pharmaciens, de psychologues et d'intervenants venus partager leurs préoccupations et leur engagement dans la prévention du suicide, à l'invitation de l'Association québécoise de prévention du suicide. La journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre prochain, devrait d'ailleurs se dérouler ici sur le thème du réseau.

Bien que le taux de suicide québécois ait chuté de 34 % depuis dix ans, on compte toujours quelque trois suicides par jour au Québec, dans toutes les classes de la société.

Outre la nécessité d'aider la personne en détresse à alléger une souffrance qu'elle porte souvent depuis l'enfance, les intervenants ont fait état du criant manque de ressources en santé mentale pour venir en aide aux personnes suicidaires.

Ainsi, au CLSC de la Petite-Patrie, où oeuvre Charles Roy, président de l'Association des psychologues du Québec, quelque 70 personnes sont en liste d'attente pour être vues en thérapie, ce qui constitue un délai de six à sept mois. C'est très peu lorsqu'on considère l'urgence de traiter une personne suicidaire et de lui donner une écoute et une attention appropriées. Résultat: les personnes suicidaires se font souvent demander si elles ont de l'argent pour consulter un psychologue en pratique privée. Récemment, une jeune femme de 21 ans, pour qui on avait pourtant demandé une intervention urgente, a eu le temps de se taillader les bras avant d'être vue après quatre semaines d'attente, racontait hier le Dr Marc-André Asselin, vice-président de la Fédération professionnelle des omnipraticiens du Québec.

Seulement 2 % des personnes qui demandent de l'aide concernant leurs idées suicidaires finissent par passer à l'acte, selon Sylvie Nadeau, présidente de l'Association québécoise de prévention du suicide. Mais les hommes consultent beaucoup moins que les femmes pour partager leurs idées noires, ce qui les rend plus vulnérables au suicide.

Chez les 50 ans ou plus, le taux de suicide est à peu près stationnaire, tandis qu'il a considérablement chuté chez les jeunes depuis 10 ans. Reste que, dans les cégeps de la province, on a dénombré 71 tentatives de suicide l'an dernier et 6 décès.

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