Sécurité sur les chantiers routiers - La CSN-Construction portera le deuil d'un de ses membres

De retour sur le chantier de l'autoroute 30 ce matin, au lendemain de la fête du Travail, une centaine de syndiqués de la CSN-Construction portent un brassard noir, en mémoire d'un collègue renversé par un camion vendredi dernier. Il s'agit du cinquième décès à survenir depuis le début du gigantesque chantier, selon le syndicat.
«C'est un geste symbolique en souvenir de cet accident, a indiqué au Devoir le président de la CSN-Construction, Aldo Miguel Paolinelli. Nous voulons souligner la dangerosité du travail dans la construction et les manquements aux normes de santé et sécurité.»L'arpenteur Georges Berger, 60 ans, est mort écrasé par un camion de 12 roues rempli de pierres concassées qui reculait sur le chantier de Châteauguay.
M. Paolinelli rappelle qu'il n'y avait aucune mesure particulière concernant les manoeuvres de recul des camions dans le plan de prévention de l'entrepreneur, d'après le rapport préliminaire de la Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec (CSST). Or ces travaux de recul font l'objet de discussion depuis au moins quatre ans au sein du comité de révision du Code de sécurité sur les chantiers de construction.
Le Code prévoit notamment qu'un signaleur guide en tout temps le travail du conducteur du camion. Une mesure peu respectée, selon M. Paolinelli, à cause des échéanciers serrés et des objectifs de rentabilité des entrepreneurs.
«Les employeurs pensent que la question de la santé et de la sécurité, c'est un droit de gérance absolu pour eux, dit-il. Nous exigeons que les mesures déjà établies, au moins, s'appliquent. Mais nous voulons aller un peu plus loin, qu'il y ait d'autres types de techniques pour rassurer davantage.» Le comité de révision propose par exemple de munir les véhicules d'une caméra vidéo pour voir à l'arrière. Et surtout, que les agents de sécurité qui veillent à l'application des normes ne soient plus à la solde des employeurs.
C'est le premier accident tragique à survenir sous l'égide du consortium Nouvelle Autoroute 30 (NA30). Mais quatre autres décès ont perturbé d'autres segments du chantier gérés par des sous-traitants, depuis sa mise en oeuvre. L'immense chantier de l'autoroute 30 couvre environ 50 km2 et compte une vingtaine de viaducs, trois ponts et un tunnel. Quelque mille employés y travaillent, dont une centaine affiliés à la CSN-Construction.
Le p.-d.g. du consortium NA30, Denis Léonard, faisait valoir à La Presse que la fréquence des accidents était relativement faible pour plus de trois millions d'heures travaillées sur le chantier. Et que, statistiquement, l'ampleur d'un chantier augmente la probabilité qu'un accident survienne.
Le quart des 213 décès reliés au travail sont survenus dans le domaine du bâtiment et des travaux publics en 2010, selon les statistiques de la CSST.