Les états généraux pour le mouvement féministe se poursuivent

Après 40 ans de luttes, le mouvement féministe québécois sent le moment venu de faire le point sur ses enjeux et de relancer les dossiers qui stagnent. C'est dans cette optique que la Fédération des femmes du Québec a décidé d'adopter la formation d'états généraux du féminisme, qui devraient durer jusqu'en 2013.
La fin de semaine dernière, alors que 300 femmes s'étaient réunies sur la question, un comité d'orientation était formé dans cette optique, et une tournée du Québec ainsi que différents colloques devraient suivre.«L'idée de faire des états généraux du féminisme vient du constat qu'il y a un certain nombre de blocages et de difficultés à passer à une autre étape après 40 ans de luttes», explique Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec.
Réunies le week-end dernier, les femmes de diverses associations reconnaissaient qu'il y avait eu des avancées depuis 40 ans, mais constataient en même temps qu'un courant social voulait croire que l'égalité était atteinte et qu'il n'y avait plus de grands chantiers. «Ce n'est pas l'impression que nous en avons», ajoute Mme Conradi.
Sur le plan de la représentation des femmes en politique par exemple, l'Assemblée nationale du Québec plafonne à 35 %, tandis que la Chambre des communes, à Ottawa, ne compte que 30 % de femmes parmi ses députés.
Aussi, dans le dossier de l'avortement, il n'est pas garanti que le gouvernement ne revienne pas sur sa légalisation, notamment depuis que ses députés représentent la majorité à Ottawa. «On a déjà eu à combattre des projets de loi privés» à cet effet, précise Mme Conradi.
Dans les entreprises, les femmes en position d'autorité demeurent largement minoritaires. «Et les femmes plus âgées vont être extrêmement pauvres», note-t-elle.
Dans la liste des sujets qui seront abordés lors de ces états généraux, on retrouve entre autres le chômage chez les femmes immigrantes, la violence faite aux femmes et le rapport à la sexualité, et l'accès économique des femmes à toutes les échelles et à tous les métiers. On entend également aborder les questions de démilitarisation, de souveraineté alimentaire, du racisme au féminin et de l'écoféminisme, pour ne nommer que ces thèmes.
Des représentantes de groupes de femmes variés siègent au comité d'orientation des états généraux, de Femmes autochtones du Québec au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, en passant par le groupe Stella et des représentantes de différentes instances syndicales.