Rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec - «Discrimination systémique» envers les minorités

Les jeunes issus des minorités font l'objet d'une «discrimination systémique» à l'école, auprès de la DPJ et dans leurs interactions avec la police.
Dans son rapport rendu public hier, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJQ) a exhorté le gouvernement du Québec à s'attaquer sérieusement au problème du profilage racial, en se gardant bien de parler de racisme.À l'école, les codes de vie et les règles disciplinaires poussent une proportion importante de jeunes issus des minorités racisées vers l'éducation spécialisée, quand ils ne font pas l'objet de diagnostics d'hyperactivité et de troubles d'attention en surnombre.
À la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), ces mêmes jeunes courent deux fois plus de risques de faire l'objet d'un signalement que les autres jeunes Québécois.
Et quand ils se retrouvent dans la rue, ils sont la cible d'une surveillance accrue de la police, comme en attestent les études internes du Service de police de Montréal (SPVM).
Bref, le portrait n'est pas rose. «Le profilage racial existe, et il a des conséquences graves pour l'ensemble de la société», a déploré hier le président de la CDPDJQ, Gaétan Cousineau. «Les communautés [racisées] perdent confiance en la justice, mais aussi en la Commission», a-t-il concédé.
Pour corriger les torts, la Commission propose un rapport ambitieux, en 93 recommandations visant principalement à former le personnel des institutions, interdire le profilage racial dans toutes les sphères de la société, colliger des données à ce sujet et forcer les pouvoirs publics à rendre des comptes, à commencer par la police. «Il faut une refonte des lois, des règlements et des pratiques des policiers pour faire échec au profilage», martèle Gaétan Cousineau.
Accueil favorable, mais...
La Ville de Montréal a réservé un accueil positif au rapport de la Commission, d'autant plus que le document reconnaît l'importance de lutter contre la pauvreté pour prévenir les problèmes en amont.
Le directeur du Service de police de Montréal (SPVM), Marc Parent, ne conteste pas le diagnostic de la Commission. Il assure cependant que le profilage racial n'est pas un problème «généralisé» au sein de la police. «Les policiers sont des êtres humains. Ils ont eux aussi des préjugés et des stéréotypes, a-t-il expliqué. On souhaite qu'ils n'agissent pas en fonction de ces préjugés et de ces stéréotypes lors de leurs interventions.»
Le chef Parent a promis de poursuivre ses efforts pour dépister les comportements fautifs de la part de ses troupes et de mieux les outiller pour relever les défis de l'intervention dans une ville cosmopolite.
Il a cependant exprimé «un malaise» avec l'une des principales recommandations de la Commission, soit la collecte de données sur l'origine ethnique des citoyens interpellés.
Le SPVM n'entend pas accéder à une demande du responsable de la sécurité publique au sein de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville, Réal Ménard. Le maire d'Hochelaga-Maisonneuve a exigé la mutation de l'avocat responsable des dossiers de profilage pour la Ville, Pierre-Yves Boisvert. «Le SPVM et la Ville de Montréal ne peuvent pas prétendre qu'ils vont changer des choses dans la lutte contre le profilage racial en maintenant l'homme qui, depuis 2006, empêche l'audition des causes devant le Tribunal des droits de la personne», a dit M. Ménard.
Marc Parent a défendu publiquement l'intégrité de Me Boisvert. Au cours des prochaines semaines, le dossier du profilage racial sera cependant réparti entre quatre avocats (dont Me Boisvert) au contentieux de la Ville.