Marche mondiale des femmes - Le mouvement féministe n'écarte pas d'autres actions d'éclat

Insatisfaites des réponses du gouvernement de Jean Charest à leurs revendications, les participantes de la Marche mondiale des femmes (MMF), qui a pris fin hier à Rimouski, promettent de combattre «le vent de droite» qui fait reculer le droit des femmes à l'égalité au Québec.
Plus de 10 000 femmes ont participé au grand rassemblement de la 3e Marche mondiale des femmes hier dans le Bas-Saint-Laurent, clôturant une semaine jalonnée de plus de 300 activités tenues dans tout le Québec.«On attendait cinq mille personnes», fait remarquer la présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Alexa Conradi. «C'est avec une très grande fierté qu'on peut faire non seulement le constat, mais aussi l'affirmation que le mouvement féministe québécois est bel et bien vivant. C'est probablement le rassemblement le plus important à l'extérieur de la région de Montréal et de Québec dans l'histoire des mouvements sociaux», poursuit-elle.
La présidente de la FFQ appelle à une reprise du dialogue avec le gouvernement, au terme d'une semaine marquée par des échanges musclés avec la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre. «Si la ministre a envie de discuter des questions de fond [que nous avons soulevées], de les prendre au sérieux et de nous écouter avec un peu plus d'ouverture, ça nous fera énormément plaisir de discuter avec elle», souligne-t-elle.
Parmi les revendications de la MMF figuraient notamment une augmentation du salaire minimum et l'instauration d'un programme d'aide sociale «qui ne fait pas vivre les gens dans la pauvreté» ainsi que le maintien des services publics. «On a vu qu'il y a une augmentation de 30 % dans les refuges pour les femmes itinérantes depuis un an», se désole Mme Conradi. Celle-ci exhorte aussi le gouvernement québécois à s'opposer avec force au recrutement militaire dans les établissements scolaires.
Mme Conradi n'exclut toutefois pas d'entreprendre de nouvelles actions si Mme St-Pierre ne montre pas plus de sens critique à l'égard du gouvernement dont elle fait partie. «Ce n'est pas en étant gentil qu'on va faire des gains et donc, on risque de voir d'autres actions comme l'occupation de bureaux. [...] Nous sommes habituées à vivre dans la controverse, et cela ne nous amène pas du tout à baisser les bras. On a des revendications qu'on pense tout à fait justes et équitables pour la société», explique Alexa Conradi.
La ministre a fait preuve d'improvisation au cours des derniers jours, fait-elle valoir, l'accusant au passage de n'avoir présenté qu'un «réchauffé de mesures» déjà existantes aux revendications de la MMF.
Jeudi, une dizaine de «marcheuses» ont occupé le bureau de la ministre, sis rue Saint-Antoine, à Montréal, afin de s'adresser directement à elle. Christine St-Pierre avait déploré ce geste, ajoutant que des échanges constructifs ne pouvaient exister dans un tel contexte.
Plus tôt dans la semaine, Mme St-Pierre avait rejeté les allégations des organisatrices de la MMF voulant que le gouvernement manque de «réceptivité» devant leurs revendications. Elle avait souligné que le gouvernement avait fait un travail «énorme» pour l'égalité des femmes, à tel point que le Québec est vu, selon elle, comme un leader dans ce domaine partout dans le monde. La ministre a aussi fait savoir que le plan d'action en matière de condition féminine du gouvernement, adopté en 2007, serait renouvelé dans les prochains mois.
Pas moins de 20 000 femmes ont marché à Bukavu, en République démocratique du Congo, notamment pour mettre en lumière les effets des guerres et de la militarisation sur les femmes. Deux Québécoises étaient sur place. «Ce n'est pas facile pour les déléguées internationales [qui ont grossi les rangs] d'entendre ce que les femmes vivent là-bas. Mais, en même temps, elles témoignent du fait que ça les renforce de savoir qu'il a des femmes un peu partout dans le monde qui se préoccupent d'elles. Ça leur donne des ailes pour faire face à la suite des choses», a conclu Alexa Conradi.
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Avec La Presse canadienne