Réponse de Christine St-Pierre à la Marche mondiale des femmes - Les femmes se disent déçues
Le gouvernement du Québec a répondu par écrit aux revendications des membres de la Marche mondiale des femmes, hier. À la lecture du document d'une dizaine de pages, les groupes de femmes ont l'impression de ne pas avoir été défendus par la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, qui s'est pour sa part dite très fière du «bilan positif» enregistré au chapitre de la lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes depuis quelques années.
Dans le document Réponse gouvernementale aux revendications de la Marche mondiale des femmes 2010, le gouvernement convient que les cours d'éducation sexuelle doivent revenir au programme dans les écoles québécoises et informe qu'une recherche sera financée «pour mesurer le phénomène» des publicités sexistes.Mais de façon globale, le gouvernement répond aux demandes des femmes en citant ce qui a déjà été fait pour elles, évalue Alexa Conradi. «C'est comme si on n'avait pas étudié nos demandes.» Les militantes souhaitent entre autres la fin du recours au privé en santé et l'interdiction du recrutement militaire dans les établissements d'enseignement.
C'est trop peu, clament les militantes de la Marche mondiale, dont 11 d'entre elles ont occupé les bureaux montréalais du ministère de la Condition féminine jeudi. «J'ai parlé à la ministre hier et elle m'a dit que plusieurs de nos revendications n'étaient pas de son ressort, qu'elles s'adressaient à d'autres ministères, explique la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi. On aurait voulu qu'elle aille défendre nos demandes au Conseil des ministres.»
Mme St-Pierre défend néanmoins le «bilan positif» de la lutte pour l'égalité. À titre d'exemple, la ministre a mentionné la hausse du salaire horaire minimum, lequel est passé de 7,30 $ à 9,50 $ entre 2003 et 2010. Elle a aussi signalé que le salaire des femmes était passé de 60 % de celui des hommes en 1996 à 70 % en 2007. Au cours des sept dernières années, ajoute-t-elle, le financement du réseau des 109 maisons d'hébergement et de ses deux regroupements provinciaux a doublé. Elle a enfin insisté pour rappeler que le premier Conseil des ministres paritaire de l'histoire du Québec a été nommé en 2007, puis renouvelé en 2008 et en 2010.
Hier, la Marche mondiale des femmes avait pour thème au Québec «la paix et le désarmement». La journée d'aujourd'hui sera consacrée aux femmes autochtones. Selon l'organisme Justice manquante, qui offre du soutien aux familles des femmes autochtones assassinées et disparues du Québec et du Canada, les femmes autochtones courent cinq fois plus de risques de mourir d'une mort violente que le reste de la population.
Depuis les années 1980, il y a eu, selon les sources de Justice manquante, de 582 à 3000 cas de disparition et d'assassinat de femmes autochtones au Canada. «Cette disparité statistique est largement due aux rapports incomplets provenant des forces de l'ordre, à une faible couverture médiatique et, enfin, à un manque d'intérêt du gouvernement», disent les représentantes de Justice manquante.