Itinérance - Montréal donne un sérieux coup de barre

Le maire Gérald Tremblay a demandé hier au directeur du SPVM de mettre fin au profilage racial et social envers les itinérants.
Photo: - Le Devoir Le maire Gérald Tremblay a demandé hier au directeur du SPVM de mettre fin au profilage racial et social envers les itinérants.

L'administration Tremblay donne un sérieux coup de barre en matière d'itinérance. Le plan d'action en 11 points, dévoilé hier, prévoit l'ajout de maisons de chambres et de logements sociaux, l'ouverture d'un centre de jour pour dégriser, et des efforts pour endiguer le harcèlement de la police envers les sans-abri.

Le plan d'action ciblé en itinérance est le résultat de trois années de consultations, une période au cours de laquelle le Service de police de Montréal (SPVM) a essuyé de sérieuses critiques. Les recherches de Céline Bellot, professeure en travail social, et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) ont mis en lumière le fait que les sans-abri et les marginaux du centre-ville recevaient une pluie de contraventions pour des gestes dits d'incivilité.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a rappelé hier qu'il a confié au nouveau directeur du SPVM, Marc Parent, le mandat de mettre fin au profilage racial et social. Le maire s'attend à ce que la police mette en oeuvre une politique de «tolérance zéro» concernant ces pratiques discriminatoires de profilage.

Pour y parvenir, le plan prévoit l'implantation permanente de l'Équipe mobile de référence et d'intervention en itinérance (EMRII), formée de patrouilleurs et de travailleurs de la santé publique. Cette équipe (six policiers, quatre travailleurs) cherchera à trouver des solutions de rechange à la judiciarisation.

«Le SPVM veut un milieu de vie harmonieux, et il veut soutenir les groupes communautaires pour développer un sentiment de sécurité et de justice réciproque», a dit Marc Parent. Il a toutefois indiqué que dans certaines situations, la judiciarisation est «incontournable».

Selon les données fournies par Denis Desroches, directeur adjoint au SPVM et responsable du dossier du profilage social, les constats délivrés aux itinérants ont chuté du tiers cette année. Il s'attend à ce que 1800 constats soient remis d'ici la fin de l'année.

Scepticisme et satisfaction


Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseau d'aide pour personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), demeure sceptique. Encore récemment, il a rencontré des itinérants qui ont reçu plus de 24 constats d'infraction en une seule journée. «Il faut reconnaître que le profilage social existe, et il faut revoir la réglementation, estime M. Gaudreau. Il y a encore beaucoup trop de contraventions données aux itinérants et cela pourrait être évité. [...] Il y a des gens qui sont pénalisés parce qu'ils sont sans toit. C'est une approche punitive et négative qui n'aide pas les gens.»

En matière de logement, le plan dépasse cependant les attentes du RAPSIM. D'ici 2013, l'administration Tremblay a l'intention d'ajouter 750 logements et chambres pour les itinérants et les personnes à risque de le devenir. «Il y a de bonnes mesures dans le plan d'action, particulièrement en habitation. La Ville maintient le cap, et elle monte même la barre. On aide à réduire l'itinérance et à la prévenir», se réjouit M. Gaudreau.

La création d'un centre de répit et de dégrisement, pour accueillir les itinérants intoxiqués, reçoit également un accueil favorable du RAPSIM. À l'heure actuelle, les centres refusent ces clientèles difficiles, avec le résultat qu'elles se retrouvent à la rue, sans aide. Ce centre d'une dizaine de places permettrait de les rejoindre.

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