Ontario - Un jugement autorise le niqab dans les tribunaux

Toronto — Un verdict unanime, rendu hier, qui établit des critères très restreints avant de demander à une femme de se départir de son niqab lors d'un témoignage en cour, a été qualifié de victoire par des défenseurs des deux idéologies entourant cet épineux débat.
Le plus haut tribunal de l'Ontario a statué que les femmes portant le niqab devront le retirer à la barre des témoins, mais seulement si le port de ce voile intégral menace les droits de l'accusé à un procès juste et équitable.Les droits constitutionnels d'une femme d'afficher ses croyances religieuses en cour, et le droit de l'accusé de confronter son accusateur, devront être déterminés selon chaque cas, a ajouté le tribunal.
Ce jugement signifie donc que les femmes seront forcées de témoigner sans leur niqab seulement lors de cas extrêmes, a précisé Nathalie Des Rosiers, avocate générale de l'Association canadienne des libertés civiles.
«Les circonstances seront probablement rares, a estimé Me Des Rosiers. La défense devra établir, à partir de critères bien précis, pourquoi il est nécessaire de retirer le niqab pour faire valoir un point particulier.»
Cette question épineuse avait été soulevée lors d'un procès amorcé en 2007. Une femme, identifiée seulement par les initiales «N.S.», a déclaré avoir été victime, au cours de son enfance, d'agressions sexuelles répétées commises par son cousin et son oncle.
Lors de l'enquête préliminaire, le juge a ordonné à N.S. de retirer son voile pour témoigner. Son avocat avait interjeté appel de cette ordonnance.
L'Assemblée musulmane canadienne, qui soutenait que la femme devrait témoigner sans son voile, s'est déclarée satisfaite de cette décision hier, bien qu'elle l'ait qualifiée de «politiquement correcte».
Selon Joanna Birenbaum, directrice juridique du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes, la décision est «importante» et réaffirme les droits à un procès juste et équitable, mais aussi l'accès des femmes musulmanes à la justice et à tous les plaignants d'agressions sexuelles.