Le Devoir, c'est moi - Répandre la bonne nouvelle

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles, tout disposé à en convaincre d'autres.
Cette lectrice, on n'a pas eu à la chercher pour faire son portrait: elle s'est livrée à nous lorsque Le Devoir l'a rencontrée dans le cadre d'un récent reportage sur les travailleurs agricoles migrants, en Montérégie. «Je ne pense pas faire augmenter vos ventes, mais j'ai une histoire sur le long terme avec Le Devoir!», a dit en riant Marie-Jeanne Vandoorne, enthousiaste à l'idée de faire l'objet d'un portrait de lecteur. En effet, malgré son jeune âge — 28 ans —, elle en avait beaucoup à raconter.Marie-Jeanne Vandoorne a «accroché» à ce journal «qui tache moins les doigts» à 17 ans. Auparavant, les nouvelles ne l'avaient jamais intéressée. «C'est mon grand-père, un amateur de nouvelles à sensation, qui m'avait initiée aux médias à l'enfance. J'avais donc l'impression que l'information, c'était juste des accidents, des feux et des prisonniers.»
Son premier professeur de science politique au cégep l'a obligée à revoir sa vision de l'information. «Il nous a dit: "Vous êtes des adultes maintenant, et les adultes lisent le journal. Alors, abonnez-vous."» C'est sur Le Devoir que son choix s'est arrêté, pour son indépendance.
«J'ai adhéré... et j'ai collé! J'étais même rendue capable de faire les mots croisés du Monde [reproduits chaque semaine dans Le Devoir]!», raconte la jeune femme, qui a ensuite poursuivi des études en science politique jusqu'à la maîtrise.
Son premier coup de coeur a été pour la plume de Josée Blanchette. «C'était exigeant au début de lire mon journal, car je n'étais pas habituée. J'étais plus du genre magazines légers à l'époque. Mais le texte de Josée Blanchette, je l'attendais. J'avais toujours hâte de le lire.»
Partager à son tour
Depuis, elle répand la bonne nouvelle. Ses divers colocataires ont chacun goûté aux plaisirs du quotidien. Les Mexicains et les Guatémaltèques du centre d'appui aux travailleurs agricoles migrants pour lequel elle travaille s'y initient également. «J'emporte mon journal tous les jours au travail, raconte-t-elle. Même s'ils ne peuvent pas lire en français, les travailleurs aiment regarder les photos et essayer de lire un peu. Je me dis que ça leur fait un lien avec la communauté.»
Les photos du président américain Barack Obama et celles des matchs de soccer sont les plus prisées. «Ce matin, dans le journal, il y a une grande photo de Christina Aguilera sur la une, dit-elle en sortant un exemplaire de son grand sac. Ça va les intéresser; ça va leur changer les idées.»
Les articles touchant le Mexique, le Guatemala ou le travail dans les champs sont également populaires auprès de la clientèle du centre d'appui et donnent parfois lieu à des échanges chargés d'émotion. Les textes de la section Monde qui portent sur la violence ou sur les narcotrafiquants au Mexique assurent également de bonnes discussions dans son bureau de Saint-Rémi, une municipalité à une dizaine de kilomètres au sud de Montréal.
Marie-Jeanne Vandoorne se souvient de la réaction des travailleurs lorsque le gouvernement de Stephen Harper a introduit l'obligation pour les Mexicains d'obtenir un visa pour visiter le Canada à l'été 2009. «Ça ne les touchait pas directement, puisqu'ils ont déjà un visa de travail, mais ça leur donnait l'impression que le Canada percevait les Mexicains comme des gens jetables, juste bons pour le travail agricole.»
La jeune femme assure que son histoire d'amour avec Le Devoir va durer, d'autant que ce journal correspond à ses valeurs écologiques. «Puisqu'il est moins épais que d'autres quotidiens, ça me fait moins mal au coeur quand je regarde mon sac de recyclage!»