Le Devoir, c'est moi - Le devoir de lutter contre l'homophobie

Faire partie du Devoir, c'est y travailler, l'appuyer, le lire assidûment. De cette communauté, qui s'est construite depuis 100 ans, nous avons retenu quelques portraits. Chaque lundi, jusqu'en décembre, nous vous présenterons un lecteur, une lectrice, du Québec comme d'ailleurs, abonné récent ou fidèle d'entre les fidèles, dont nous nourrissons le féroce appétit pour l'information, comme c'est le cas pour notre lecteur de cette semaine.
Porte-parole disponible et toujours au fait des plus récentes actualités, Laurent McCutcheon lutte contre l'homophobie sur toutes les tribunes. Mais bien avant que les médias ne l'adoptent, c'est lui qui les avait adoptés.L'homme donne du travail aux camelots: Le Devoir, La Presse, Le Journal de Montréal, Les Affaires, sans compter de nombreux magazines, tout cela se bouscule au portillon de sa petite oasis de paix en plein coeur du Centre-Sud montréalais. «Si un matin les journaux ne sont pas là, ça ne va pas. Ça doit être une maladie!», confesse en riant le président et fondateur de la Fondation Émergence.
Une passion pour l'information qu'il croit tenir de son enfance, alors que son père, un ouvrier de Thetford Mines, l'emmenait aux assemblées politiques. Puis, ce sont les années soixante-dix. Laurent étudie en France quand la Crise d'octobre éclate.
Chaque jour, la Maison du Québec lui livre les manchettes... par télégraphe interposé. La technologie le sauve aujourd'hui de tout malaise de sevrage médiatique, puisqu'il consulte Le Devoir, sa «référence», même les jours de farniente, de son ponton en plein milieu du lac des Deux-Montagnes, grâce à son téléphone intelligent. Et, lors de notre rencontre, son conjoint attendait avec impatience la livraison d'un iPad...
Allié
Les médias ont été non seulement un miroir de la société, mais aussi un allié pendant ces trente dernières années de militantisme. «On parle beaucoup d'homosexualité dans les médias, on ne peut pas dire que c'est un sujet tabou et, en règle générale, c'est abordé de façon correcte», se réjouit M. McCutcheon. «Sauf les médias sportifs», ajoute-t-il, déçu du peu d'échos de la campagne 2010 de la Journée de lutte contre l'homophobie dans les médias sportifs, alors qu'elle visait justement... l'homosexualité dans les vestiaires.
«On ne peut plus ouvertement faire de discrimination; autrefois, on voyait de gros mots à la télé, dans les médias», observe-t-il. Pour lui, la sortie de Daniel Pinard contre la défunte émission Piment fort a sonné le glas d'une époque. «Les médias ont compris qu'on ne pouvait pas laisser passer n'importe quoi. C'est un grand moment dans le traitement de l'information dans les dernières années.»
Quand vient le temps de s'exprimer avec le franc-parler qu'on lui connaît, le jeune retraité — qui dit travailler comme bénévole encore plus fort que dans ses anciennes fonctions, lui qui a entre autres été président du Conseil de la justice administrative — accepte toutes les invitations. Le jour de l'entrevue, il avait enchaîné cinq apparitions média, dont une à Radio Ville-Marie. Puisqu'il faut militer là où il reste des batailles à mener, le dimanche précédent, il avait prononcé l'homélie devant une église bondée, à la demande de la paroisse. Son souhait? «J'aimerais seulement que l'Église reconnaisse que deux personnes de même sexe peuvent s'aimer.»
Reconnaissance des conjoints de même sexe ou création d'un secrétariat aux personnes homosexuelles au sein du gouvernement, il a vu aboutir plusieurs des luttes qu'il a portées. Si bien qu'au «Québec je ne pense pas qu'il y ait d'endroit au monde où il y a une plus grande ouverture, un meilleur accueil, une plus grande reconnaissance juridique et sociale.»
Selon lui, le Québec doit servir de modèle. «Avec Internet on produit du matériel de lutte contre l'homophobie dans 14 langues. La demande qui m'a le plus touché? Un groupe iranien qui a demandé une affiche en langue perse.»