Gangs de rue - Le SPVM croit avoir anéanti les Syndicates

Le Service de police de Montréal (SPVM) a porté un dur coup aux gangs de rue pendant les six premiers mois de l'année, l'organisation des Syndicates ne s'étant jamais remise de l'opération Axe.
Les Syndicates, une filiale des Hells Angels, possédaient leurs entrées au port de Montréal, et ses membres participaient à l'importation et à la vente de cocaïne. En février dernier, les policiers ont arrêté 55 personnes liées à cette organisation et à celle des frères Lavertu, dans le Sud-Ouest.
De janvier à juin, les policiers de Montréal ont amorcé 64 projets d'enquête contre les gangs. Ils ont répertorié 20 tentatives de meurtres liées aux gangs, soit trois de plus qu'à pareille date l'an dernier, et trois meurtres (deux de moins qu'en 2008). Près du quart des meurtres et près de la moitié des voies de fait sur l'île sont imputables aux gangs. Cette violence est bien répartie dans tous les coins de la métropole.
En dépit de ces statistiques inquiétantes, la criminalité chez les jeunes à Montréal est inférieure à la moyenne québécoise et canadienne, a rappelé M. Robinette. L'écrasante majorité des jeunes décrochent des gangs en moins de deux ans. «Les gens ont l'impression qu'à Montréal, c'est le capharnaüm, alors que lorsqu'on se compare et que l'on compile les statistiques, ce n'est pas le cas», affirme-t-il.
Dans ces cas, la répression est l'arme de prédilection du SPVM. Avec les petits délinquants, la prévention est de mise. Le SPVM s'est associé à plusieurs projets favorisant l'activité sportive chez les jeunes. La police a aussi mis en contact les jeunes avec des «modèles positifs» tels que la star mondiale du foot, Zinédine Zidane. Lors de son récent passage à Montréal, Zidane a rencontré des jeunes de Montréal-Nord, à qui il a conseillé de croire en leurs rêves.
L'audace de rêver
Evens Guercy, un policier affecté à la patrouille dans le quartier Saint-Michel, sait à quel point il est difficile de rêver pour les jeunes. «Dans un quartier comme Saint-Michel, trop souvent les jeunes sont étiquetés en fonction de la pauvreté et des gangs de rue, explique-t-il. Quand ils regardent autour d'eux, ils s'empêchent de rêver.»
Guercy a fondé le club de boxe l'Espoir, où il enseigne les rudiments de cette discipline olympique aux adolescents pendant ses temps libres. La seule condition du policier, c'est que les participants soient inscrits à l'école.
Ce projet, visant à combattre l'exclusion sociale, est né après que Guercy eut constaté l'échec de la répression contre les jeunes qui flânaient à la station de métro Saint-Michel. Un ado lui a fait comprendre qu'il se trouvait là parce qu'il n'y avait pas d'endroit où socialiser après les classes. «J'ai promis au jeune que j'allais faire quelque chose pour l'aider. Sur le coup, je n'avais aucune idée comment, mais je me disais qu'il fallait absolument trouver une alternative», dit-il.
Quatre ans plus tard, le club de boxe l'Espoir est fréquenté par 40 à 50 jeunes. Evens Guercy a vécu une agréable surprise récemment. Un abonné de l'Espoir, Roodsy Vincent, a remporté des Gants d'or dans sa catégorie (la plus grande victoire pour un boxeur amateur au Québec). Le jeune de 17 ans a aussi reçu une bourse pour avoir repris l'école, mais il n'a pas voulu de l'argent. Il a donné les 700 $ au gym pour acheter de l'équipement. Guercy n'en demandait pas tant.