Festival Mode et Design Montréal : un tissu d'activités

Défilés, concours, rallye-shopping: à partir de mercredi prochain, le centre-ville vivra au rythme de la mode, et ça fera du bruit! Le Festival Mode et Design a de grandes ambitions. Entretien avec les organisateurs, Chantal Durivage et Jean-François Daviau.
- Carole Vallières. Le Grand Prix de formule 1 à Montréal a été une locomotive pour le Festival Mode et Design depuis ses débuts en 2000. Quel impact a son absence?Chantal Durivage. L'an dernier, ce fut un grand succès de foule avec 500 000 personnes venues au festival. Le Grand Prix, c'était énorme pour Montréal, ça amenait 75 000 touristes sur notre site.
Jean-François Daviau. Mais Tourisme Québec, qui mesure l'affluence de manière indépendante pour tous les événements, nous a appris que 20 000 touristes sont venus à Montréal spécialement pour le Festival Mode et Design et que les retombées économiques sont de 13 millions de dollars. Pour nous qui vivions toujours sans connaître notre part et celle du Grand Prix... C'était essoufflant!
- Voilà enfin la chance de vous affirmer comme festival indépendant? [Rires]
JFD. Sur le coup, on s'est demandé comment le milieu allait réagir.
CD. On a senti que tout le milieu se ralliait derrière nous, autant les détaillants que les designers et Destination centre-ville; on a senti une mobilisation autour de l'événement. Et nos commanditaires sont restés.
- Votre budget?
CD. Deux millions de dollars. Cette année, la programmation est un enjeu majeur — et on produit tout. Chacune des marques a son image, qui ne doit en aucun cas être sacrifiée à un défilé. Donc, il faut bien les comprendre et harmoniser le concept musical avec les coiffures, les maquillages et le stylisme. C'est un travail d'équipe énorme!
- Votre programmation propose autant les créateurs que les grandes marques, les détaillants et les manufacturiers. Quand on veut intéresser les touristes, ne leur offre-t-on pas des produits québécois distincts?
CD. Pour créer un mouvement de masse, il faut que ce soit large et ouvert. On ne peut pas penser attirer une foule internationale si les gens d'ici ne viennent pas. Quand tu entends dans le public: «Ça ne se porte même pas!», tu sais que tu dois être accessible. On a segmenté la programmation, du plus commercial au plus flyé. Nos événements spéciaux de fin de soirée montrent une mode plus spectaculaire, plus créative.
JFD. Cette année, sur le site, on a La Boutique, où on pourra trouver les vêtements des designers. C'est un projet auquel je crois beaucoup. Si tu veux être une ville de mode, tu dois avoir une offre distincte. Le problème, à Montréal, c'est qu'on ne trouve pas facilement les vêtements griffés de nos designers. On pense que les locataires du centre-ville devraient offrir nos designers de mode, et pour se rendre là, La Boutique, c'est une étape.
- Vous vous voyez comme un pont entre les différents secteurs de la mode à Montréal...
JFD. Et c'est pour ça que je suis fier que le festival soit un melting-pot. Dans son éclatement, cette plate-forme permet des rencontres et nous voulons créer des liens entre tous les acteurs du secteur de la mode.
CD. La mode fait partie de l'ADN de Montréal. On est encore dans une culture à développer, mais il faut savoir que les manufacturiers ont créé des ponts avec New York, les détaillants ont leur siège social à Montréal, les designers d'ici sont créatifs. J'ai fait beaucoup de recherches et je peux dire que le Festival Mode et Design de Montréal est unique au monde. Un événement extérieur présentant 150 collections au grand public, ça n'existe nulle part ailleurs. Elle Japon et Vogue Paris vont venir couvrir l'événement. L'an dernier, la journaliste du Figaro m'a dit: «C'est étonnant, c'est assez décalé, ce qui se fait ici.» Quand on pense à ce qui est présenté à New York, on doit réaliser qu'ici, on est différents... et intéressants!
- Vous versez dans l'éco-responsable cette année, qu'est-ce que ça veut dire concrètement?
JFD. Ça veut dire: on fait ce qu'on peut! Au plan personnel, on est convaincus, on composte. Mais ce n'est pas évident à réaliser pour un festival. Ce qui est absurde, c'est que jeter coûte moins cher que recycler. Alors, cette année, on a enfin un partenariat avec RCI. Le nouveau courant, c'est que nos autres commanditaires aussi ont cette préoccupation. La SAQ, par exemple, impose des verres de plastique recyclable. Ça peut avoir l'air anodin, mais ce sont les détails additionnés qui comptent.
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Collaboration spéciale
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- Festival Mode et Design de Montréal: www.festivalmodedesign.com.