«Le Grand Prix de Montréal n'est pas encore mort»

Les commerçants de Montréal refusent de jeter l'éponge et se tournent maintenant vers les constructeurs d'automobiles afin qu'ils fassent aussi leur part pour sauver le Grand Prix de Formule 1 du Canada.
Ils ont envoyé hier une lettre aux six grands constructeurs d'autos qui étaient engagés dans le championnat cette année pour les encourager à «trouver un arrangement qui permettrait de compléter la proposition mise en avant par nos représentants gouvernementaux», et qui a été rejetée, la semaine dernière, par le grand manitou de la F1, Bernie Ecclestone. Leur rappelant que l'événement montréalais leur a servi, au fil des années, de «gigantesque salle de montre pour [leurs] nombreux modèles», les commerçants pressent les compagnies BMW, Ferrari, Honda, Mercedes-Benz, Renault et Toyota de soutenir l'événement au moins jusqu'à la fin de l'entente actuelle, en 2011.En conférence de presse, les porte-parole des commerçants des rues Peel, Crescent, Drummond et McGill, mais aussi du boulevard Saint-Laurent et du quartier de la Petite Italie, ont proposé que cette aide prenne la forme d'une contribution financière de trois millions par compagnie, pour un total de 18 millions par année. Ils ont également suggéré que ces acteurs centraux du championnat de F1 rappellent à Bernie Ecclestone l'importance primordiale à leurs yeux de préserver la seule course à se tenir sur le continent nord-américain.
«Ces gens-là vendent énormément de voitures en Amérique du Nord», a rappelé hier en conférence de presse Alain Creton, instigateur du projet et porte-parole de l'Association des marchands de la rue Peel. S'ils disent comprendre que les organisateurs de la F1 veuillent étendre leur auditoire à des marchés exotiques, comme la Turquie, le Bahreïn, Singapour ou Abou Dhabi, où des courses doivent se tenir l'an prochain, les commerçants montréalais soulignent cependant que le marché nord-américain représente, par exemple, plus du quart des ventes de BMW, le tiers de celles de Toyota, presque la moitié de celles de Honda. «Il serait pour le moins étrange de la part de constructeurs européens et japonais de se priver d'une vitrine comme celle qu'offre Montréal au moment même où leurs concurrents américains sont en difficulté et où l'on peut s'attendre à ce qu'ils soient prêts à tout pour leur reprendre des parts de marché», a déclaré Alain Creton.
Les commerçants accueillent froidement le déballage dans les médias, ces derniers jours, de solutions de rechange à la tenue du Grand Prix. «C'est comme si l'on avait les Jeux olympiques et qu'on disait, o.k., on va chercher quelque chose d'autre pour les remplacer», a réagi Steve Siozos, porte-parole des marchands de la rue Peel. «Pour nous, le Grand Prix de Montréal n'est pas encore mort et nous ne lâcherons pas», a ajouté son confrère de la rue Drummond, Peter Morentzos, qui a rappelé que la version définitive du calendrier de la prochaine saison ne sera pas fixée avant le milieu du mois prochain.
Ceci n'est pas un promoteur vorace
Occupé ailleurs, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a fait savoir par la suite qu'il appréciait l'initiative des commerçants. Il a toutefois rappelé que les gouvernements estiment être allés aussi loin qu'ils le pouvaient et que la balle est désormais dans le camp de Bernie Ecclestone.
L'Anglais ne semble pas prêt, lui non plus, à faire un pas de plus. Il a répété hier sur les ondes de la station de radio montréalaise CJAD que tout le monde en F1 aimait Montréal et qu'il était loin de s'être montré tellement vorace avec elle. «J'ai dit aux organisateurs [montréalais] qu'ils pouvaient venir dans mon bureau, sortir n'importe quel contrat concernant les autres courses et changer les noms pour les leurs, et ce sera notre entente, a-t-il déclaré. Les demandes que nous leur avons présentées sont inférieures à ce que nous obtenons n'importe où ailleurs dans le monde.»
La dernière offre présentée par les trois ordres de gouvernement totalisait 110,5 millions en cinq ans alors que les demandes de Bernie Ecclestone ont été évaluées entre 190 et 195 millions.
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Avec La Presse canadienne