Erreur judiciaire - L'Ontario versera 6,5 millions à Truscott

Toronto — Les 6,5 millions de dollars accordés à Steven Truscott à titre d'indemnité pour avoir été condamné à tort représentent une victoire «douce-amère» pour l'Ontarien. L'indemnité vient clore le long processus par lequel il a finalement été exonéré du viol et du meurtre de Lynne Harper, une camarade d'école.

Dans un communiqué diffusé hier, M. Truscott et son épouse ont maintenu que leur seul objectif, en rouvrant son dossier il y a plus de 10 ans, était de prouver son innocence, pas d'obtenir un dédommagement monétaire.

«Bien que nous soyons reconnaissants pour la liberté et la stabilité que ce montant nous assurera, nous sommes aussi douloureusement conscients qu'aucune somme d'argent ne dédommagera jamais vraiment Steven pour la terreur qu'il a ressentie lorsqu'il a été condamné à la pendaison à l'âge de 14 ans, pour la perte de sa jeunesse ou pour le fardeau d'avoir vécu presque 50 ans avec l'étiquette de meurtrier.» Les Truscott ajoutent qu'ils espèrent maintenant vivre le reste de leur vie «en paix et dans la tranquillité».

L'indemnisation est payable à parts égales par l'Ontario et Ottawa.

Cette indemnisation donne suite à l'avis consultatif indépendant exprimé par le juge Sydney Robins, à qui le gouvernement ontarien avait demandé de fournir des conseils et des recommandations au procureur général après l'acquittement de M. Truscott, le 28 août dernier. Dans son rapport, M. Robins avait conclu que M. Truscott devrait toucher 6,5 millions, soit 250 000 $ pour chaque année passée derrière les barreaux et 100 000 $ pour chaque année passée en libération conditionnelle.

L'ex-juge précisait aussi que les gouvernements fédéral et ontarien devraient se partager les frais d'aide juridique de près d'un million de dollars encourus par M. Truscott.

En 1959, Steven Truscott, alors âgé de 14 ans, avait été déclaré coupable d'avoir violé et étranglé Lynne Harper, âgée de 12 ans, et condamné à être pendu. Sa peine a ensuite été commuée en détention à perpétuité. M. Truscott a été incarcéré pendant 10 ans avant d'obtenir une libération conditionnelle en 1969, bien qu'il ait continuellement clamé son innocence.

L'an dernier, la Cour d'appel de l'Ontario a acquitté M. Truscott, sans toutefois le déclarer innocent, à cause de l'absence de preuves.

Le procureur général de l'Ontario, Chris Bentley, a souligné que la saga judiciaire qu'a traversée M. Truscott est «sans précédent». Il a dit espérer que M. Truscott et sa famille seront désormais en mesure de tourner la page sur cette affaire.

L'épouse de M. Truscott recevra aussi 100 000 $ pour les revenus perdus à cause du travail effectué pour faire exonérer son mari, a-t-il précisé.

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