Transports en commun - Introduction progressive de la carte à puce

La carte à puce sera implantée progressivement au cours de la prochaine année à Montréal, à Québec, à Laval, à Longueuil et dans le réseau des trains de banlieue. D'ici à l'été 2009, un million d'usagers des transports en commun au Québec devraient être convertis à cette nouvelle technologie appelée à remplacer les titres de transport traditionnels. D'ici là, les deux systèmes cohabiteront.
À l'occasion d'une conférence de presse commune, six réseaux de transport ont annoncé hier les modalités d'implantation de la carte à puce sur leurs territoires respectifs. Tant à Montréal, à Longueuil, à Laval que dans le réseau de l'Agence métropolitaine de Montréal (AMT), ce sont des employés et des clients triés sur le volet qui, au cours des prochaines semaines, testeront la carte à puce baptisée Opus. Progressivement, d'autres groupes d'usagers s'ajouteront aux premières cohortes de cobayes.À Montréal par exemple, les étudiants pourront se procurer leur carte à partir du mois d'août, suivis des clients adultes en novembre, puis des aînés au printemps 2009. «C'est un grand jour. La carte à puce va commencer à être déployée, sur une période de 18 mois, par secteurs, en parlant de l'est vers l'ouest pour éviter ce qu'on appelle le Big Bang. Au fur et à mesure, on verra comment ça se déploie pour rectifier les choses qui devront être rectifiées», a expliqué Claude Trudel, président du conseil d'administration de la Société de transport de Montréal (STM). La STM, comme les autres transporteurs, entend mettre l'accent sur l'information du public avec la création de brigades chargées d'aider la clientèle à apprivoiser la nouvelle technologie déjà utilisée dans des villes comme Lyon, Toulouse et Nice.
À Québec, ce sont les détenteurs de l'Abonne BUS du Réseau de transport de la Capitale qui expérimenteront la carte les premiers, soit à partir de juin. À l'automne, les usagers du plein tarif les imiteront, alors que le tour des étudiants et des aînés viendra en 2009.
L'implantation de la carte à puce devrait réduire de façon significative les fraudes dont sont victimes les transporteurs. La STM croit qu'elle pourra diminuer de moitié les pertes causées par la fraudes qui sont estimées à l'heure actuelle à 20 millions par année.
Il a fallu six ans et des investissements de 217 millions — 169 millions pour la STM —, dont 76 millions proviennent des gouvernements provincial et fédéral, avant de pouvoir lancer le projet. Pendant un an, la carte sera vendue à moitié prix, au coût de 3,50 $, dans la région de Montréal. Elle pourra être réapprovisionnée auprès des changeurs, dans des distributrices automatiques installées dans les stations de métro, ainsi que dans 700 points de vente au Québec. Lors de la transaction, l'usager devra choisir le type de titre de transport de son choix: carte mensuelle, carte hebdomadaire ou billets traditionnels. Mais s'il le désire, l'usager pourra payer son passage avec de l'argent comptant.
Même si la carte à puce permet de moduler les tarifs, la STM n'entend pas modifier ses politiques tarifaires au cours des deux prochaines années. De toute façon, les équipements dont elle dispose ne lui permettraient pas de faire payer les usagers selon la distance qu'ils franchissent. Il est possible qu'elle accorde des rabais à ceux qui utilisent les transports en commun en dehors des heures de pointe, a toutefois indiqué Odile Paradis, porte-parole de la STM.
Les usagers n'auront qu'à approcher leur carte des valideurs installés dans les autobus et dans les stations de métro pour payer leur passage et ils n'auront pas besoin de la sortir de leur portefeuille ou de leur sac à main. Seuls les étudiants et les aînés devront présenter une carte d'identité pour profiter des tarifs réduits.
La carte aura une durée de vie théorique de sept ans. En cas de perte, elle pourra être remplacée, et son propriétaire pourra récupérer les titres de transport qu'elle contenait, si, du moins, il l'a enregistrée à son nom. Par ailleurs, la STM promet la confidentialité aux usagers puisque les données personnelles enregistrées par les valideurs ne seront pas conservées. Seules les statistiques d'achalandage seront transmises au système central.
Des contrôles seront effectués par quelque 90 agents de perception qui devront s'assurer que les usagers ont des titres valides. En cas d'infraction, les amendes varieront entre 150 $ et 500 $. Les chauffeurs d'autobus, dont la tâche devrait être facilitée, font preuve d'un enthousiasme prudent: «On va regarder les choses aller. Il va falloir qu'il y ait vraiment des contrôleurs qui fassent la vérification afin que ce ne soit pas les chauffeurs qui soient encore obligés de faire la perception des billets», a indiqué Claude Benoit, président du Syndicat de chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro.