Greenfield Park - Des citoyens forcés de cohabiter avec deux commerces érotiques

Les commerces érotiques ne pourront plus s'installer où bon leur semble à Longueuil. L'arrondissement de Greenfield Park s'apprête à modifier sa réglementation afin d'interdire ce type d'établissement dans les zones résidentielles. La nouvelle réglementation pourrait éventuellement s'appliquer à l'ensemble du territoire de la ville de Longueuil. Ces mesures sont toutefois loin de satisfaire les résidants de Greenfield Park, qui voudraient voir disparaître deux commerces de leur quartier ayant déjà obtenu leur permis.

C'est l'ouverture prochaine du Sexxxodium, sur le boulevard Churchill, à Greenfield Park, qui a mis le feu aux poudres dans le voisinage. Cet établissement au nom évocateur, qui offrira à ses clients la possibilité de regarder des films pornographiques dans une cabine privée pour 25 ¢ la minute, doit ouvrir ses portes à la mi-mars. Le problème, c'est qu'il est situé au coeur d'un quartier résidentiel, non loin de trois écoles, de deux centres de la petite enfance, de quatre églises et de deux résidences pour personnes âgées. Dans le même immeuble, le Salon Spa Azur propose depuis quelques mois des massages à quatre mains dans une «ambiance zen».

Une imposante délégation de résidants outrés a envahi la salle du conseil de l'arrondissement lundi soir pour réclamer des élus la révocation des permis de ces deux établissements. «On n'est pas des puritains. Ces établissements sont situés tout près de maisons privées où il y a de plus en plus de couples avec de jeunes enfants. Les gens sont très inquiets et, en plus, ça déprécie la valeur de leur maison», a fait valoir hier Réal Beauchemin, du Comité de propriétaires résidants de Greenfield Park, un regroupement de citoyens créé en catastrophe pour mener cette bataille.

Le président de l'arrondissement, Bernard Constantini, s'est dit tout à fait d'accord avec les résidants mais a affirmé qu'il était impossible pour les autorités municipales de refuser l'émission des permis des deux commerces puisque rien dans la réglementation n'empêche ce type d'établissement. Deux avis de motion ont toutefois été déposés, l'un pour modifier les dispositions relatives aux commerces à caractère érotique, l'autre pour revoir le règlement sur les nuisances et le bon ordre. En clair, l'arrondissement souhaite faire en sorte que les commerces érotiques ne puissent plus s'établir dans des secteurs résidentiels.

Des modifications aux règlements devraient être déposées pour adoption lors de la séance du conseil d'arrondissement d'avril ou de mai. Les commerces érotiques seront vraisemblablement autorisés sur les boulevards Victoria et Taschereau, a indiqué hier le directeur des communications à la Ville de Longueuil, François Laramée. «Les nouvelles normes seront soumises pour approbation aux élus des deux autres conseils d'arrondissement de la ville, soit ceux de Saint-Hubert et du Vieux-Longueuil, a-t-il ajouté. Ce seront à eux à décider s'ils adoptent la nouvelle législation.» La Ville soutient toutefois qu'il ne lui est pas possible juridiquement de résilier les permis déjà accordés au Sexxxodium et au Salon Spa Azur, comme le souhaiteraient les citoyens.

Les propriétaires du secteur ne décolèrent pas. «Ça ne règle pas notre problème. On est crinqués à un niveau assez sérieux», a indiqué Réal Beauchemin, qui n'entend baisser les bras. Le comité a fait parvenir une lettre aux propriétaires des deux établissements afin de les inviter à s'établir ailleurs, dans un environnement plus approprié. Mais les citoyens envisagent également d'entreprendre des démarches juridiques pour parvenir à leurs fins. «On va demander à la Ville de mettre ses culottes et de nous suivre là-dedans. On ne peut pas laisser faire ça», a conclu M. Beauchemin.

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