Attractions hippiques va au petit trot

Deux ans après la privatisation des hippodromes, l'entreprise Attractions hippiques réclame un nouveau plan de relance de l'industrie des courses de chevaux qui passerait par une révision de l'offre des salons de jeu.
Le propriétaire d'Attractions hippiques (AH), le sénateur libéral Paul Massicotte, ne précise pas de quel ordre doit être la diversification de l'offre de jeu mais il croit que les salons de jeu, appelés Ludoplex, doivent bénéficier de publicité pour générer les revenus escomptés. Ces salons de jeu, un nouveau concept pour Loto-Québec, jouxtent les hippodromes de Québec et Trois-Rivières depuis l'automne dernier.«Notre partenaire ne livre pas la marchandise. [...] L'offre de services ne satisfait pas la clientèle. C'est là le problème. Les Ludoplex ne fonctionnent pas», a-t-il expliqué hier au Devoir.
Devant le manque d'achalandage des salons de jeu, AH a décidé d'annuler les courses de chevaux du mardi à Trois-Rivières et celles du samedi, à Montréal. Aussi, les bourses aux hommes de chevaux sont réduites de 15 %.
Chez Loto-Québec, on réplique qu'il n'a jamais été question que les salons de jeu atteignent leurs objectifs de fréquentation si rapidement. «On analyse le modèle d'affaires et à la lumière des demandes ou des besoins exprimés par la clientèle, on pourrait apporter des correctifs. Tout cela se ferait dans le cadre des mesures de contrôle et de prévention qu'on a mises de l'avant», a précisé la porte-parole de la société d'État, Marie-Claude Rivet, qui ajoute qu'il n'est pas question d'offrir autre chose que des appareils de loterie vidéo.
Cette dernière a souligné que les discussions avec le partenaire d'affaires AH se poursuivront au sein du comité de marketing qui se réunit toutes les deux semaines pour planifier les stratégies de marketing.
Au cabinet de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, de qui relève politiquement le dossier, on ne s'inquiète pas pour l'instant des gestes du sénateur Massicotte. «On ne peut pas dire qu'Attractions hippiques viole l'entente à ce moment-ci en réduisant les bourses et le nombre de courses. Comme l'entreprise doit investir tant de millions sur cinq ans, il ne faudrait toutefois pas que ça perdure», a affirmé Catherine Poulin, attachée de presse de la ministre. Selon elle, «il faut laisser le temps pour que cela [le concept des salons de jeu] entre dans les moeurs».
Paul Massicotte soutient que la ministre comprend bien le problème actuel. Il se dit confiant de voir des correctifs apportés mais constate que Loto-Québec ne partage pas son empressement. «C'est nous qui en souffrons. On est une plus petite boîte qu'eux. Il y a beaucoup d'emplois qui en dépendent. Pour nous, c'est important que cela se fasse plus vite que plus tard», a-t-il indiqué.
Ces turbulences surviennent alors que Loto-Québec a demandé formellement à être entendue en commission parlementaire, une demande inhabituelle. Selon le président de Loto-Québec, Alain Cousineau, cette commission parlementaire serait l'occasion de faire connaître la vision de la société d'État «dans un contexte où on dénote une certaine rupture à l'égard du consensus social qui a favorisé le développement de Loto-Québec depuis bientôt 38 ans».