Le 400e de Québec - Le pape n'ira pas à Québec

Québec — Après avoir longtemps entretenu le suspense à propos de la venue du pape à Québec en 2008, le cardinal Marc Ouellet a finalement annoncé hier que Benoît XVI avait décliné son invitation.

«J'aurais aimé vous annoncer que le pape Benoît XVI viendrait en Québec en personne en juin 2008, mais des raisons majeures l'ont empêché de nous procurer cette joie», a déclaré Mgr Ouellet lors d'une conférence de presse très courue hier après-midi. Le prélat souhaitait que le pape participe au Congrès eucharistique international, un rassemblement fort important pour la communauté catholique, qui a lieu tous les quatre ans.

Or le Congrès eucharistique se trouve en concurrence avec un autre grand rassemblement de la foi catholique: les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui auront lieu à la mi-juillet à Sydney, en Australie.

Invoquant son «horaire chargé», le pape a par ailleurs souligné qu'il devait aussi se rendre à New York en avril pour livrer un message à l'ONU. Enfin, le cardinal a rappelé hier que le pape a près de 81 ans, qu'il éprouve «d'énormes difficultés avec le décalage horaire» et qu'il a fallu tenir compte de sa santé.

Quoique déçu, ce proche de Benoît XVI a toutefois refusé d'y voir un échec personnel, soulignant qu'il avait fait «tout ce qu'[il avait] pu». «Tout ne dépend pas de la visite du pape de toute façon», a-t-il poursuivi. «La population a pensé à tort que si le pape ne venait pas, il n'y aurait pas de congrès.»

Le premier ministre Jean Charest s'est lui aussi dit déçu de cette décision. «J'aurais beaucoup aimé que le saint père soit avec nous», a-t-il commenté en marge du caucus des députés de son parti, à Sherbrooke, avant de saisir l'occasion pour se moquer de la suggestion de Mario Dumont d'inviter le groupe Led Zeppelin aux fêtes du 400e: «Je suis sûr que d'autres aussi auraient été contents. M. Dumont, qui voulait un Stairway To Heaven, aurait beaucoup aimé avoir le saint père au Congrès eucharistique.»

L'ancien ministre Marc Bellemare, qui milite pour la venue du pape depuis l'automne dernier, s'est lui aussi dit fort déçu par cette annonce. Fort d'une pétition signée par 15 000 personnes, son groupe a toutefois relancé le Vatican en invitant le souverain pontife à profiter de son passage à New York au printemps pour faire un saut au Québec.

Accommodements raisonnables

Le pape se fera représenter à Québec par un légat pontifical, mais Mgr Ouellet a tout de même demandé au Vatican de faire en sorte que Benoît XVI puisse être présent grâce à la télédiffusion. Ainsi, il pourrait prononcer l'homélie lors de la messe de clôture du Congrès eucharistique, qui doit avoir lieu sur les plaines d'Abraham. Le prélat a également suggéré que le pape anime à distance une rencontre avec de jeunes croyants le 21 juin.

Son principal souci, a-t-il souligné, c'est que l'absence du souverain pontife fasse diminuer le nombre d'inscription au Congrès. Pour l'heure, 5000 personnes se sont inscrites, mais on en espère trois fois plus. Cette affluence n'est pas sans contraster avec les JMJ qui, en 2005, avaient attiré en Allemagne pas moins d'un million de personnes.

Prié de dire si le refus du pape ne s'expliquerait pas par le déclin de la foi catholique au Québec, le cardinal a fait valoir que «ce serait plutôt une raison pour qu'il vienne» et que l'Australie, où se tiendront les JMJ cette année, connaît des difficultés comparables.

Il a enfin ajouté que le récent débat sur l'identité québécoise avait bien servi sa cause. «Le christianisme passe peut-être par une période de crise de désaffection, mais en même temps, il y a du renouveau, il y a un réveil. Nous en avons été témoins cet automne. Avec la commission Bouchard-Taylor, il y a eu beaucoup d'interventions, de débats autour de la religion, notamment de la religion catholique.»

Enfin, a-t-on annoncé, le Congrès eucharistique s'est donné comme mission sociale de lutter contre la pauvreté. Cette organisation compte ainsi investir au moins 100 000 $ de son budget dans une fondation créée par Mgr Ouellet en 2006 pour soutenir les immigrants et les réfugiés de la région de Québec.

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Avec la collaboration d'Antoine Robitaille

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