Statistique Canada - Un million de Canadiens revendiquent le statut d'autochtone

La population autochtone canadienne est la deuxième en importance dans le monde, après celle de la Nouvelle-Zélande.
Photo: La population autochtone canadienne est la deuxième en importance dans le monde, après celle de la Nouvelle-Zélande.

La population autochtone a augmenté six fois plus vite que celle du reste du Canada au cours des dix dernières années, pour franchir la barre du million, selon les données du recensement de Statistique Canada.

En 2006, le Canada comptait 1,17 million de membres des Premières Nations (Indiens d'Amérique du Nord), de Métis et d'Inuits. C'est un véritable bond de géant que cette croissance de 45 % de la population autochtone en dix ans. Voilà maintenant que les Premières Nations, les Métis et les Inuits forment 3,8 % de la population du pays. À travers le monde, il n'y a qu'un pays où le poids démographique des autochtones est plus important qu'au Canada, soit en Nouvelle-Zélande, où les Maori représentent 15 % de la population.

Statistique Canada attribue cette forte croissance au taux de natalité élevé des autochtones, à leur plus forte inclinaison à s'identifier comme tels lors du recensement et à des activités de dénombrement plus étendues qu'auparavant de la part de l'agence fédérale. Statistique Canada a notamment embauché du personnel de communications pour visiter les réserves à l'avance et obtenir une meilleure collaboration des principaux intéressés. Une vingtaine de communautés, dont les Mohawks de Kahnawake, d'Akwesasne et de Kanesatake, n'ont pas pris part au recensement.

Deux fois plus de Métis

C'est du côté des Métis que sont enregistrées les plus fortes hausses de population. Toujours en 2006, un peu moins de 390 000 personnes ont déclaré leurs origines métisses, en hausse de 91 % depuis dix ans. Les Premières Nations comptent pour leur part un peu plus de 698 000 membres (+ 29 %), tandis que les Inuits sont près de 50 500 (+ 26 %).

Huit autochtones sur dix vivent en Ontario et dans les provinces de l'Ouest. Par contre, l'essor démographique s'est fait sentir surtout dans l'est du pays. La population autochtone a ainsi augmenté de 95 % en Nouvelle-Écosse, de 68 % en Ontario, de 67 % au Nouveau-Brunswick, de 65 % à Terre-Neuve-et-Labrador et de 53 % au Québec.

Cette population est jeune, très jeune. L'âge médian est de 25 ans chez les autochtones, comparativement à 40 ans pour les Canadiens. Les enfants et les moins de 24 ans forment près de la moitié de la population autochtone. Chez les non-autochtones, à peine le tiers de la population entre dans cette tranche d'âge.

Les autochtones se rapprochent par ailleurs de plus en plus de la ville, où ils espèrent trouver de meilleures conditions de vie et de travail. En 2006, un peu plus de la moitié d'entre eux vivaient dans les centres urbains, en hausse de 50 % par rapport à 1996. Les grandes «capitales» autochtones du Canada sont, dans l'ordre, Winnipeg (68 380 autochtones), Edmonton (52 100) et Vancouver (40 310).

Dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, il y a près de 18 000 autochtones, une hausse de 60 %. À l'inverse, la ville de Québec va à l'encontre de la tendance à l'urbanisation observée. Environ 4000 personnes vivant dans la RMR de Québec se sont identifiées comme autochtones en 2006, une baisse de 3,1 %

Enfin, les données sur la langue ont de quoi inquiéter les autochtones. Le recensement fait état de 60 langues autochtones regroupées en une dizaine de familles. Un peu moins du tiers des répondants connaissent l'une de ces langues assez bien pour soutenir une conversation. Le cri arrive en tête de liste, un peu plus de 87 000 personnes arrivant à le parler, suivi de l'ojibway (un peu plus de 30 000) et de l'oji-cri (près de 12 500). La plupart des langues autochtones sont par contre en déclin ou en péril, comme l'atteste une étude menée en 2005 par Ottawa.

La question du logement demeure encore préoccupante. En 2006, un autochtone sur dix vivait dans un logement comptant plus d'une personne par pièce, ce qui constitue une amélioration par rapport aux 17 % de 1996. Le quart des autochtones habitent toujours des maisons nécessitant des réparations majeures. Globalement, les autochtones sont presque quatre fois plus susceptibles que le reste de la population de souffrir de surpeuplement et trois fois plus à risque de vivre dans des maisons délabrées. Les études à ce sujet démontrent que les conditions de vie dans les logements surpeuplés contribuent à la propagation des maladies infectieuses, comme la tuberculose ou l'hépatite A, et aux maladies respiratoires chez les enfants.

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