Québec - Le Saint-Roch Nouvo

La rue Saint-Joseph, au coeur du quartier Saint-Roch, à Québec. Photo: Carolyne Parent
Photo: La rue Saint-Joseph, au coeur du quartier Saint-Roch, à Québec. Photo: Carolyne Parent

En marge du Vieux-Québec et du Petit-Champlain, un nouveau milieu de vie et nouveau pôle touristique se développe lentement mais sûrement dans la capitale nationale: le quartier Saint-Roch. Bordé par le quartier Saint-Sauveur, la falaise nord du cap Diamant, l'échangeur autoroutier de la 440 et Limoilou, l'ancien faubourg manufacturier reprend du galon. Tant et si bien que, le branding ayant fait son oeuvre, on parle désormais du «Nouvo Saint-Roch».

Québec — Le coeur de cette paroisse, c'est la rue Saint-Joseph. C'est là que débute son histoire et c'est là qu'elle reprend de plus belle. Flashback au milieu du XIXe siècle: un tramway hippomobile dessert la rue, créant un achalandage qui incite des commerçants, tels le pharmacien Wilfrid-Étienne Brunet et le fourreur Jean-Baptiste Laliberté, à s'établir non loin de l'église. Vers 1880 les imitent les premiers grands magasins à rayons qui se targuent de pouvoir offrir aussi bien une aiguille qu'un éléphant! «Ce sont les Harrods de Québec», dit la guide Michelle Demers. Le faubourg, placé sous la protection du patron des chiens et des pestiférés, prospère grâce entre autres à la Dominion Corset, une fabrique de sous-vêtements féminins, et, dans les années 1910, c'est le quartier le plus peuplé de Québec.

«On peut dire que Saint-Joseph, c'était comme Sainte-Catherine [pour les Montréalais], dit Mme Demers. Dans les années 1940 et 1950, c'était un secteur assez huppé: on allait magasiner chez Laliberté, qui existe encore, chez Pollack, chez Syndicat. Mais avec l'arrivée des centres commerciaux, on a commencé à déserter Saint-Roch. On a donc couvert une partie de la rue pour en faire une galerie marchande et susciter un nouvel intérêt, mais l'endroit est vite devenu le refuge des itinérants, et les grands magasins ferment leurs portes les uns après les autres.»

Il faudra attendre jusqu'au début des années 1990 pour que s'amorce la renaissance du quartier, alors assez mal en point, merci. «Cela coïncide avec la création du Jardin de Saint-Roch par le maire L'Allier, en 1992, et l'achat par la Ville de la Dominion Corset, où loge aujourd'hui l'École des arts visuels de l'Université Laval», explique Richard Séguin, délégué commercial (médias) de l'Office du tourisme de Québec.

De sinistré à branché

Débute alors un programme de revitalisation urbaine où le résidentiel et le commercial côtoieront désormais le savoir, les technologies de l'information et le culturel. Ainsi, autour du jardin se sont installées trois composantes de l'Université du Québec; en face, une succursale de CGI; à un coin de rue, Ubisoft; enfin, dans ces parages, le théâtre de la Bordée de même que le Complexe Méduse, réunissant ateliers d'artistes et salles d'exposition.

Parallèlement, des entrepreneurs locaux redonnent vie à la rue Saint-Joseph, qui vient de perdre sa dernière section de toiture. Aujourd'hui, Hugo Boss y voisine Benjo, un magasin de jouets à la F.A.O. Schwarz de New York, un salon de thé, une boutique de lingerie fine, une autre d'objets décoratifs, des restos hip, bref, que des commerces indépendants, qu'on appelle de «destination».

Jusqu'au Holiday Inn Select, qui se métamorphose graduellement, depuis avril dernier, en un hôtel branchose appelé Pur, qui sera officiellement inauguré au printemps 2008. Sa directrice générale, Nathalie Lalonde, n'en revient tout simplement pas de la relance de Saint-Roch: «Imaginez, il y a dix ans, tous les commerces des environs, ou presque, étaient placardés de contreplaqué. Aujourd'hui, on a ici un vrai quartier où on peut vivre sans voiture.»

On a aussi un vrai centre-ville, même s'il en reste encore à faire pour le requinquer complètement. «Non, il n'est pas là-haut, le centre-ville de Québec», dit Claude Langevin, entrepreneur en construction et proprio de la nouvelle auberge Le Vincent. «Historiquement, il est ici. Quant au Vieux-Québec, c'est mort, il n'y a là aucune vie de quartier, contrairement à Saint-Roch, où on trouve tous les services et même un boucher qui vend la viande de sa ferme!»

Chose certaine, en revitalisant cet ancien faubourg industriel, la Vieille Capitale gagne en prime un «nouvo» pôle touristique, assurément plus glam que trad.

En vrac

- Pourquoi pas y aller en train, pour changer? Trois heures et demie tout-confort plus tard: terminus, tout le monde descend à la gare du Palais, dans la Basse-Ville, à un jet de pierre du quartier Saint-Roch. www.viarail.ca.

- Au 295, rue Saint-Vallier Est, la chouette auberge Le Vincent compte dix chambres à prix doux dans un immeuble des années 1880 en forme d'éperon. La déco marie briques et pierres d'origine, boiseries et oeuvres métalliques d'artistes locaux ainsi que des tournesols stylisés à la Van Gogh. www.aubergelevincent.com.

- Sortir dans Saint-Roch: prendre l'apéro au Boudoir (441, rue du Parvis), déguster des miniburgers et autres tartares de saumon à l'échalote grise et aux... Rice Krispies chez Versa, en face, ou encore des sushis chez Uzu, à côté, et finir la soirée au Salon d'Edgar (263, rue Saint-Vallier Est), un resto-bar-salle de billard où règne une ambiance bien sympathique.

- De Vincent à Pablo: petit rappel, le Musée national des beaux-arts du Québec présente l'expo Picasso au Château d'Antibes jusqu'au 6 janvier 2008. www.mnba.qc.ca.

- L'esprit des Fêtes: à deux pas de la gare, rue du Quai Saint-André, se tient jusqu'à la fin du mois un marché de Noël des plus gourmands où on peut faire provision de pâtés d'oie, de liqueur de cassis de l'île d'Orléans, de beurre de pomme et autres délices du terroir.

- Bonne année... C'est le 31 décembre prochain à 21h à la Place d'Youville que sera donné le coup d'envoi du 400e anniversaire de Québec. On promet un party monstre avec 400 artistes sur scène et projection sur le Palais Montcalm d'images vidéo et feux d'artifice. www.MonQuebec2008.com.

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Collaboratrice du Devoir

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