Logement social - Au-delà de la brique, il faut de l'argent

Il n'y a pas que la brique et le béton qui importent quand il s'agit de développer des logements sociaux pour les personnes itinérantes, celles qui souffrent de troubles mentaux et les personnes âgées en légère perte d'autonomie. Il faut que ces initiatives soient aussi portées par un milieu communautaire fort. Or les organismes sans but lucratif (OSBL) en habitation sont au bout du rouleau et réclament de toute urgence une enveloppe de 12 millions de dollars, faute de quoi le réseau risque de perdre ses acquis.

À travers tout le Québec, 550 OSBL gèrent plus de 30 000 unités de logement destinées à des gens qui requièrent des services sociaux et communautaires particuliers. «Les groupes de l'ensemble du Québec ont fait leurs preuves en stabilisant des milliers de locataires dans leur logement; il est plus que temps que le gouvernement finance leur travail», croit le directeur du Réseau québécois des OSBL en habitation (RQOH), François Vermette.

À ses côtés, les représentants du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et de la Fédération des OSBL-H de Montréal (FOHM) ont critiqué les choix du gouvernement Charest. «Le gouvernement a subventionné la brique et le béton avec son programme de logement social, AccèsLogis, mais il laisse ensuite tomber les locataires les plus vulnérables en ne finançant pas le soutien communautaire», déplore Pierre Gaudreau, coordonnateur au RAPSIM.

Malgré un solide réseau de bénévoles, les OSBL peinent à répondre aux besoins de leurs clientèles, qui nécessitent un suivi de plus en plus étroit. Résultat, ce sont les plus vulnérables qui en pâtissent, déplore M. Gaudreau. «Les organismes sont forcés de refuser des gens qui souffrent de problèmes plus importants, non pas parce que ces gens-là ne pourraient pas bénéficier d'un accès à un logement, mais parce qu'ils n'ont pas les moyens financiers de les encadrer adéquatement. C'est gens-là, c'est à la rue qu'on les confine.»

À Montréal, les groupes en itinérance membres du RAPSIM logent et soutiennent plus de 900 personnes, leur évitant ainsi des allers-retours à la rue et en institution. Mais le sous-financement met leurs efforts à mal en mobilisant toutes leurs énergies. Plutôt que de faire de la prévention, ils éteignent des feux. «Au Foyer des cent abris, nous gérons trois bâtisses et ne pouvons y offrir que trois heures de soutien par semaine, c'est à peine suffisant pour organiser une activité communautaire!» déplore René Chabot, administrateur au Foyer des cent abris, renommé récemment Studios Ville-Marie.

Les trois groupes réclament un engagement financier ferme. À Québec, on mise plutôt sur la mise en place du cadre national qui figure sur la planche à dessins du ministre de la Santé, Philippe Couillard, et de la responsable du dossier de l'habitation, Nathalie Normandeau. Sans argent, ce cadre n'a pas de valeur, tranche toutefois M. Gaudreau. «Les ministres Normandeau et Couillard connaissent nos factures et ce que nous faisons avec. Au-delà des promesses et des tapes dans le dos, il faut que cette volonté financière se concrétise.»

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