Meurtre du policier Daniel Tessier - Parasiris obtient sa remise en liberté
Basil Parasiris, le présumé meurtrier du policier Daniel Tessier, a retrouvé sa femme et ses deux enfants, hier soir, après que le juge Jean-Guy Boilard eut accédé à sa demande de remise en liberté.
C'est la première fois au Canada qu'un homme inculpé du meurtre d'un agent de police retrouve sa liberté dans l'attente de son procès. M. Parasiris devra respecter certaines conditions, la première étant qu'il emménage avec sa femme, son fils de 14 ans et sa fille de 7 ans au domicile de son propre père, jusqu'à la fin des procédures intentées contre lui. Il devra également respecter un couvre-feu en tout temps, entre 19h et 6h. Il a été libéré contre un cautionnement de 200 000 $ de sa soeur et d'un cousin.La famille Parasiris, présente en Cour, a exprimé un vif soulagement. «Nous sommes passés par toute la gamme des émotions, et nous voulons seulement le sortir de prison et l'amener à la maison», a dit Nick Parasiris, le frère de l'accusé. L'avocat du présumé meurtrier, Frank Pappas, a exprimé pour sa part sa sympathie pour la famille de Daniel Tessier. Le policier de Laval était marié et père de deux filles de 12 ans et 10 ans. «L'accusé est content, et sa famille aussi. Mais ce n'est pas un moment à la réjouissance. Il y a eu mort d'un officier de police dans cette affaire, et il ne rejoindra jamais sa famille. Ce n'est pas un moment pour célébrer, ni pour l'accusé, ni pour personne», a dit Me Pappas.
Basil Parasiris, 41 ans, a l'intention d'invoquer la légitime défense lors de son procès pour le meurtre de l'agent Tessier. Il était 5h du matin, le 2 mars dernier, quand cinq policiers de Laval ont fait irruption à la résidence des Parasiris, à Brossard, pour effectuer une perquisition. Ils croyaient que l'homme d'affaires, copropriétaire du GolfOmax, à Dorval, était un vendeur de drogue, un fait admis par l'accusé à la suite du drame.
Le juge Jean-Guy Boilard a exprimé des critiques sur cette perquisition avec «entrée dynamique», un mode d'intervention dans lequel les policiers entrent sans avertissement. Il s'agit d'une méthode exceptionnelle, réservée aux interventions à risque, ce qui n'était pas le cas dans cette affaire. Selon Jacques Larochelle, le deuxième avocat de Parasiris, les policiers auraient dû suivre la règle usuelle voulant qu'ils frappent et se présentent avant d'entrer, d'autant plus qu'il y avait des enfants dans la maison.
Parasiris et les siens dormaient à l'étage quand ils ont été réveillés par le tapage des policiers. Convaincu qu'il était la cible d'une intrusion dans son domicile, le père de famille a pris peur. Il a ouvert la porte de sa chambre et a tiré trois coups de feu en direction de Tessier, avec une arme de poing de calibre .357 Il l'a atteint mortellement d'une balle au cou, et d'une deuxième à l'épaule qui a dévié jusqu'au coeur. Parasiris a aussi blessé le policier Stéphane Forgues, ce qui lui a valu une accusation de tentative de meurtre.
Les trois collègues de l'agent Tessier ont tiré pour leur part 14 coups de feu: dix balles ont traversé la porte de chambre du garçon, une a atteint Mme Parasiris au bras, une s'est logée au plafond, l'autre au plancher et une dernière dans le talon du policier Tessier.
Le juge Boilard a fait remarquer qu'aucune accusation de trafic de stupéfiants n'a été portée contre Parasiris malgré ses aveux. Rien ne lui laisse croire qu'il pourrait retomber dans des activités criminelles s'il était libéré. En outre, il ne présente aucun risque pour la collectivité. Et compte tenu des circonstances uniques de ce drame, le juge ne croit pas que l'image de la justice sera ternie par sa libération provisoire.