Adieux émouvants au policier Daniel Tessier

De nombreux hommages, souvent très émouvants, ont été rendus au policier mort au cours d’une opération qui a mal tourné.
Photo: Agence Reuters De nombreux hommages, souvent très émouvants, ont été rendus au policier mort au cours d’une opération qui a mal tourné.

Laval — De nombreux moments forts ont marqué hier les funérailles civiques du policier lavallois Daniel Tessier, mort par balles le 2 mars à l'âge de 42 ans, alors qu'il participait à une perquisition à Brossard reliée à un trafic de drogue.

La fille cadette du défunt, Véronique, âgée de 12 ans, a dit en vouloir à l'homme qui a tué son père. Raymond Gravel, aumônier pendant 12 ans des policiers de Laval et élu récemment député bloquiste, a blâmé les médias, jugés trop sensationnalistes et trop mercantiles. Mais la charge émotive la plus forte s'est produite quand la conjointe du défunt, Dominique Lapointe, s'est adressée directement à son époux, comme si elle était seule avec lui. Son propos a fait monter les larmes chez bon nombre de personnes qui assistaient à la cérémonie religieuse, à l'église Saint-Vincent-de-Paul, à Laval.

Une longue ovation a d'ailleurs suivi. Le premier ministre Jean Charest et le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, ont reconnu avoir été très touchés par ce témoignage.

Policière à Repentigny, Dominique Lapointe a indiqué d'entrée de jeu avoir rédigé son «hommage à [son] amour Daniel», le jour même du drame, en soirée.

«Tu es parti injustement et trop rapidement. Jamais je n'aurais pensé qu'un jour mon coeur se casserait sous le poids de la peine, de la colère et de l'incompréhension», a-t-elle dit.

Après avoir énuméré plusieurs qualités et traits de caractère de son homme, elle lui a dit: «Daniel, tu as été mon amour, mon amant, mon chum, ma force et un excellent père. Je jure que je vais m'occuper des deux petites grenouilles [Marie Andrée, 13 ans, et Véronique] à 100 % avec de l'amour pour deux.»

«Regarde tous les gens qui sont là pour te dire au revoir. On t'a organisé un gros party, mais au lieu de boire du vin, on va utiliser des mouchoirs», a-t-elle poursuivi.

«Tu disais souvent qu'on a toujours deux choix dans la vie, de se laisser abattre ou de se relever les manches et de combattre», a-t-elle dit avant d'être étranglée par les sanglots pendant de longues secondes.

Avant elle, sa fille Véronique avait lu son texte avec beaucoup d'aplomb. «Si j'avais su qu'il se passerait quelque chose comme ça, je t'aurais empêché d'aller travailler ce matin-là», a déclaré Véronique.

«J'en veux beaucoup à ce vendeur de dope de t'avoir tué», a-t-elle asséné.

Quant au député Gravel, qui a vu Daniel Tessier 12 heures avant sa mort, dans un salon funéraire, il a critiqué une certaine couverture médiatique.

«Dieu n'est pas dans cette tempête médiatique que certains ont alimentée allègrement, sans savoir de quoi ils parlaient. Ce n'est pas de cette façon qu'on trouve la vérité», a fait valoir le député et prêtre, qui est un proche de la famille Tessier depuis de nombreuses années.

«Dieu n'est pas non plus dans le sensationnalisme journalistique que certains médias recherchent tant pour augmenter leur cote d'écoute. Ça ne fait qu'alimenter la haine, l'incompréhension des gens», a-t-il ajouté.

Pour sa part, le directeur du Service de police de Laval, Jean-Pierre Gariépy, a mentionné avoir reçu quelque 1000 messages de citoyens par Internet. L'un d'eux disait que la mort violente du policier Tessier «prouvait à quel point la drogue représente un fléau».

Le collègue de travail du policier Tessier, Stéphane Forbes, assistait aux funérailles. Il portait un bandeau au bras, où il a reçu une balle lors de l'opération à Brossard.

Environ 2000 policiers venus de partout en Amérique du Nord étaient à Laval pour rendre un dernier hommage à leur collègue.

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