Boire sec
Le Conseil canadien de la sécurité (CCS) souhaite que le Canada interdise la vente de l'AWOL sur son territoire. Cet appareil festif, présent dans certains bars canadiens, permet d'inhaler de l'alcool et d'atteindre plus rapidement un état d'ébriété. Selon le CCS, ce produit, banni dans 17 États américains à ce jour, n'apporte «aucun bénéfice social» et menace la santé et la sécurité des gens qui l'utilisent.
«On ne voit pas ce produit d'un très bon oeil», explique Raynald Marchand du CCS, un organisme qui fait la promotion de la sécurité au Canada. «Il a peu de valeur sur le plan social et il risque d'induire chez les consommateurs des taux élevés d'alcoolémie qui peuvent mettre leur santé en péril.»Grâce à l'AWOL (pour alcohol without liquid, traduction libre: alcool sans liquide), apparu dans la vie nocturne nord-américaine il y a deux ans, les fêtards peuvent s'enivrer en inhalant un mélange d'alcool et d'oxygène sous pression à l'aide d'un masque. Avec cette méthode de consommation, l'alcool entre directement dans le système sanguin par l'entremise des poumons, ce qui induit une intoxication beaucoup plus rapide et surtout plus importante que lorsqu'il est consommé par voie orale.
Selon Spirit Partners, une entreprise de la Caroline du Nord qui distribue ici ce produit ce produit inventé en Grande-Bretagne, l'AWOL permet de consommer de l'alcool sans subir certains des inconvénients qui lui sont associés: prise de poids et gueule de bois. L'entreprise, qui vend ces machines 300 $ au Canada, recommande toutefois aux consommateurs de ne pas inhaler de l'alcool plus de 20 minutes par heure, pour des raisons de sécurité. Plusieurs bars de Montréal, de Toronto et de Vancouver en possèdent. Les étudiants font notamment partie de la clientèle cible.
«On a l'impression que c'est un phénomène de mode qui est sur le point de passer, indique M. Marchand. Mais devant un produit dont la seule fonction est de placer les gens en état d'ébriété, de manière mécanique par surcroît, nous ne pouvons qu'être inquiets.»
En août 2004, le CCS a jugé bon d'interpeller Santé Canada pour l'inciter à mieux encadrer ce «produit indésirable de consommation d'alcool», selon le CCS. Mais, à ce jour, aucune mesure particulière n'a été prise pour réduire l'usage de l'AWOL dans les lieux de divertissement.
«Nous savons que l'appareil existe et qu'on fait la promotion de son usage au Canada, a commenté Jason Bouzanis, porte-parole de Santé Canada. Nous continuons à surveiller la distribution et l'utilisation qui en est faite. Si des plaintes concernant l'AWOL étaient déposées, nous pourrions enquêter mais aussi mettre en place des mesures de contrôle appropriées.»
À ce jour, la machine à inhaler de l'alcool a été interdite dans 17 États américains, dont la Floride, la Californie, l'Illinois et l'État de New York. Le Kentucky leur a emboîté le pas la semaine dernière, «pour des raisons de santé publique» a indiqué Teresa Barton, du Bureau des politiques en matière de drogue de cet État, à Associated Press.