Le centre de tri postal aux abords du canal de Lachine, dans le sud-ouest de Montréal, sera vendu par Postes Canada à un promoteur privé, le plus offrant. Cette décision sonne le glas du projet de conversion piloté par les groupes sociaux du quartier, appuyé par les élus locaux, qui visait à y construire des logements abordables et des locaux pour des entreprises d'économie sociale ainsi que des ateliers d'artistes.

La Société immobilière du Canada (SIC), qui convoitait le terrain pour y mettre en oeuvre le projet soutenu par les organismes locaux, a en effet renoncé à s'en porter acquéreur puisqu'elle n'arrivait pas à offrir un montant équivalent à celui proposé par un promoteur privé.

«On n'aurait pas pu atteindre les objectifs communautaires en payant ce prix pour le terrain, lorsqu'on tient compte du prix pour la décontamination», a expliqué le porte-parole de la SIC, Gordon McIvor, qui ne pouvait cependant dévoiler le prix proposé par le promoteur, pas plus que son identité.

À la fin de septembre, le Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO) avait réclamé une intervention du ministre des Transports, Lawrence Cannon, pour aider la SIC à se porter acquéreur du terrain.

Le député bloquiste de Jeanne-LeBer, Thierry Saint-Cyr, a dénoncé hier l'inaction du ministre. «Cela fait plusieurs mois qu'on se plaint de l'immobilisme au Québec. Pour une fois qu'il y a un grand projet qui fait l'unanimité, cela ne marche pas parce que le gouvernement du Canada s'en tient à son dogmatisme de non-intervention de l'État.»

Le RESO, qui pilotait le projet avec d'autres groupes du quartier, s'est dit fort déçu de l'éventuelle transaction, qui pourrait être complétée d'ici 45 jours si le promoteur maintient son offre après avoir effectué certaines vérifications sur le site.

«Si le promoteur veut y construire des condos de luxe "mur à mur", il va y avoir du monde pour protester», a prévenu le président du RESO, Pierre Morissette.