Qui décrochera le Nobel de la paix?

Oslo — Les protagonistes de l'accord de paix survenu il y a un an dans la province indonésienne d'Aceh et l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, qui l'avait négocié, sont parmi les favoris pour l'attribution du prix Nobel de la paix, vendredi.

Rebiya Kadeer, une militante chinoise défendant les droits des Ouïghours, minorité musulmane du Xinjiang, un moine bouddhiste en détention au Viêtnam, Thich Quang Do, et les désormais habitués Bono et Bob Geldof figurent également en bonne place dans les pronostics qui ont souvent été démentis depuis la création du prix.

Seuls les membres du très secret Comité Nobel de Norvège disposent en effet de la liste des possibles prétendants à cette distinction prestigieuse, et chercheurs, bookmakers et autres observateurs se sont rarement montrés inspirés dans leurs anticipations.

Ce qui n'empêche pas les spéculations intenses à l'approche de la saison des Nobel.

Cette année, les acteurs de l'accord de paix signé en août 2005 en Aceh, province indonésienne lourdement frappée par le tsunami de décembre 2004, semblent avoir la faveur des pronostiqueurs pour succéder à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à son directeur général, l'Égyptien Mohamed el-Baradeï.

L'accord conclu sous l'égide d'Ahtisaari entre le gouvernement de Djakarta et les indépendantistes du Mouvement Aceh libre (GAM) a mis fin à un conflit fatal à plus de 15 000 personnes.

Les spécialistes en «nobélogie» tablent sur un prix qui serait partagé entre le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, le Mouvement Aceh libre et l'ancien président finlandais.

Une entreprise australienne de pari donne Ahtisaari et son Crisis Management Initiative vainqueurs du Nobel à deux contre un, suivi de Yudhoyono à 4-1 et du mouvement acehnais à 5,5 contre 1.

«Le processus à Aceh est le seul processus de paix véritablement couronné de succès au cours de l'année écoulée», explique Stein Toennesson, qui dirige à Oslo l'Institut international de recherches sur la paix.

«Il semble donc très difficile pour le Comité Nobel d'ignorer cette réalité et d'attribuer son prix à une personne qui y soit étrangère.»

À Helsinki, où des journalistes l'ont interrogé hier sur ses chances, Martti Ahtisaari a confirmé que son nom figurait sur la liste préétablie. «Pour le reste, je sais au moins que j'ai un "ticket" de loto», a-t-il ajouté.

Diplomate chevronné, le Finlandais n'en était pas à son coup d'essai en Aceh. C'est lui qui a supervisé en 1989-90, pour le compte des Nations unies, l'indépendance de la Namibie et il dirige les négociations actuelles sur le statut définitif du Kosovo, province à majorité albanophone du sud de la Serbie administrée depuis 1999 par l'ONU.

«Il semble que ce "gentleman" finlandais présente de nombreuses aptitudes, et le Comité Nobel a dû certainement penser à lui», indique Irwin Abrams, historien américain spécialiste des Nobel.

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