Musulmans : Copenhague tente de désamorcer une nouvelle crise

Copenhague — Les autorités danoises se sont efforcées hier d'apaiser la communauté musulmane après la diffusion par la télévision publique d'une vidéo amateur tournée en août pendant un concours de caricatures de Mahomet organisé par l'aile jeunesse du Parti du peuple danois (PPD), une formation xénophobe. Le document a d'abord été rendu public sur le site Internet YouTube, qui n'est pas hébergé au Danemark, souligne le ministère danois des Affaires étrangères dans un communiqué. Les chaînes de télévision TV-2 et DR en ont ensuite diffusé des extraits.

«L'intention n'était pas de provoquer les musulmans, mais d'illustrer le sujet lors d'un entretien que le président des jeunesses du PPD a accordé à DR», poursuit le ministère, qui a par ailleurs invité les voyageurs danois à éviter la bande de Gaza et à se montrer vigilants s'ils devaient se rendre au Proche-Orient. «Un mouvement radical de Gaza a menacé les Danois au sujet de l'affaire [des caricatures] du 9 octobre», ajoute-t-il.

Le premier ministre Anders Fogh Rasmussen, qui a fait l'objet de violentes critiques dans le monde musulman pour avoir refusé de présenter ses excuses après la publication des premières caricatures du Prophète, il y a un peu plus d'un an, a condamné le comportement des membres du PPD. La formation n'appartient pas à la coalition au pouvoir, mais ses représentants au Parlement la soutiennent. Le numéro deux du ministère des Affaires étrangères a en outre reçu les ambassadeurs de plusieurs pays musulmans pour leur expliquer la position du chef du gouvernement.

L'Organisation de la conférence islamique, qui regroupe 57 pays musulmans, a déploré l'initiative des jeunes du PPD et regretté que la télévision publique danoise en ait montré des images, portant ainsi atteinte «aux sentiments religieux d'un cinquième de l'humanité».

Les autorités iraniennes ont convoqué l'ambassadeur du Danemark à Téhéran et le président Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé les «voyous» dénués de tout sens de l'humain qui s'en prennent au Prophète. L'ayatollah Mohamed Hussein Fadlallah, chef de la communauté chiite libanaise, a quant à lui réclamé des poursuites, sans toutefois incriminer Copenhague.

À voir en vidéo