La Colombie-Britannique agit !
En Colombie-Britannique, la Commission des droits de la personne suscite moins d'états d'âme: le gouvernement a tout simplement décidé de l'abolir!
Le premier ministre Gordon Campbell a déposé un projet de loi à cet effet le 30 mai dernier, à l'ajournement des travaux parlementaires pour l'été. Le projet sera étudié cet automne mais le gouvernement a déjà sévi puisque des dirigeants de la commission, en poste depuis dix ans, se sont fait montrer la porte le même jour, et sans délai.L'affaire n'a toutefois pas fait les manchettes. C'est que les libéraux de M. Campbell mènent aussi de front bien d'autres projets qui mobilisent fortement les groupes de pression: fermeture d'hôpitaux et d'écoles, dégel des frais de scolarité à l'université. Sans oublier les énormes investissements que requerrait la tenue des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver.
De plus, l'équipe libérale peut se targuer d'avoir raflé 77 des 79 sièges lors de son élection en mai 2001. Fort de cet appui, le gouvernement fait donc du ménage au sein de l'administration, invoquant des questions d'économies et de simplification du système, comme il le fait pour justifier l'élimination de la Commission des droits de la personne — une première au pays, où tant les provinces que les territoires et Ottawa disposent d'un tel organisme.
Le gouvernement fait aussi valoir que le Tribunal des droits de la personne restera en place. Les gens y porteront plainte directement plutôt que de passer d'abord par la commission, comme cela se faisait jusqu'à maintenant.
Le problème, c'est qu'une commission ne joue pas le même rôle qu'un tribunal, rétorque Pierre Marois qui, à titre de président de la commission québécoise, a écrit en Colombie-Britannique pour protester contre cette décision. «Un tribunal des droits de la personne n'est pas une commission des droits, indique-t-il, car il n'a pas pour mandat d'éduquer aux droits ni de conseiller et surveiller le gouvernement.» Le tribunal ne fait pas non plus enquête de sa propre initiative et n'analyse pas les projets de législation.
L'Association canadienne des commissions des droits de la personne, dont fait partie celle du Québec, déposera d'ailleurs un mémoire sur le sujet à la reprise de la session parlementaire de la province.