De l'acharnement thérapeutique, commente le maire Minville

L'absence d'un véritable plan de relance et le caractère transitoire des mesures d'aide présentées hier par le ministre des Régions, Rémy Trudel, déçoivent le maire de Murdochville, Marc Minville. Le gouvernement s'entête à maintenir artificiellement en vie Murdochville contre la volonté de sa population, accuse-t-il.

Marc Minville était furieux hier. C'est par les médias qu'il a appris que Rémy Trudel s'apprêtait à annoncer un plan d'aide pour sa ville et c'est en regardant la télévision qu'il a pu connaître les détails des mesures proposées. «Il n'y a eu aucune consultation [de la part du ministre], aucun coup de téléphone. Rien. C'est vraiment manquer de savoir-vivre», laisse-t-il tomber. Plusieurs éléments contenus dans l'annonce du ministre le laissent d'ailleurs perplexe. Il ignore ce que signifient la réorganisation des services municipaux et la redéfinition du territoire municipal que réclame Rémy Trudel.

Partisan de la fermeture de la ville, le maire reproche au ministre de ne pas proposer de plan de relance: «On prend ces 14 millions dans les poches des contribuables du Québec et on vient les réinvestir dans Murdochville sans être capable de dire qu'on le fait pour une bonne raison. On ne créera pas d'emplois durables. C'est inadmissible.»

L'entêtement du gouvernement à ignorer la volonté de la majorité de la population n'augure rien de bon pour le maire, qui croit que, sans emplois durables, les résidants de Murdochville se retrouveront dans la pauvreté à plus long terme.

Contrairement au maire, Francine Roy, directrice de la Chambre de commerce de Murdochville, est enchantée de l'annonce du ministre: «Ce n'est pas au reste du Québec ni au gouvernement de développer Murdochville. C'est à nous de nous prendre en charge. Le conseil municipal de Murdochville a vraiment en main tous les atouts pour développer sa ville.» Elle affirme que plusieurs promoteurs se sont montrés intéressés à venir s'installer à Murdochville. «Avec tous les incitatifs qu'on avait déjà et ces 14 millions de dollars, je pense bien que ça ne devrait pas être difficile de développer la ville de Murdochville», dit-elle.

De son côté, Noranda accueille favorablement les mesures du ministre et entend considérer sérieusement la proposition du ministre de céder, pour un dollar, ses installations à la municipalité de Murdochville. «Nous sommes en train de calculer les coûts de démolition qui nous seraient épargnés et nous serions prêts à prendre cet argent pour le remettre dans la cagnotte afin d'aider nos employés. Tout le monde y gagnerait», explique Hélène Gagnon, directrice des affaires publiques de la compagnie.

Marc Minville voit d'un tout autre oeil la suggestion du ministre, d'autant plus qu'elle constitue une condition à l'octroi d'une aide financière annuelle de un million de dollars à la municipalité afin d'assurer son équilibre budgétaire. «C'est un gouvernement dictateur», accuse-t-il.

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