Les Décorateurs masqués changent de tactique

Les Décorateurs masqués n'en resteront pas là. Joint hier par téléphone, un des membres de ce groupe ayant pour cible les camions publicitaires a confié que des actions de désobéissance civile auront bientôt lieu à Montréal. Celles-ci remplaceront les commandos de cyclistes masqués qui ont sévi ces derniers jours en barbouillant de peinture les camions-pubs, comme le rapportait hier Le Devoir.

«On ne peut plus faire ce genre de trucs», a indiqué le jeune homme qui a refusé de révéler son identité. «Les compagnies qui opèrent les camions-pubs sont sur les dents depuis qu'on a "décoré" leurs véhicules, nous nous devons donc de changer de tactique. La prochaine fois, nous allons donc faire des actions plus soft comme immobiliser un camion et organiser autour des mises en scène très imagées. Le but est de faire comprendre aux passants ce qu'on fait.»

Le jeune «décorateur» était du nombre lors des trois offensives du groupe, les 26 septembre, 4 et 5 octobre. Il a d'ailleurs expliqué, hier, que les deux premières attaques avaient été réussies mais que la troisième avait avorté parce que le propriétaire de la compagnie Euromobile international, qui opère une flotte d'une douzaine de camions-pubs, suivait la publicité sur roues. Dès que les Décorateurs engagés ont glissé une planche cloutée devant le camion, le propriétaire s'est précipité sur la seule personne qui n'était pas en vélo et l'a immobilisée. Il a ensuite téléphoné à la police qui a embarqué le jeune. Ce dernier a été libéré mais une enquête est en cours.

«Vous savez, a tenu à préciser notre contact, on ne veut pas passer pour des jeunes voyous. Il y a un message politique derrière nos actions. Oui, ce qu'on fait c'est du vandalisme. On n'a pas peur de le dire. Mais du vandalisme, il en faut parfois pour faire avancer les choses.»

Des camions seulement

Malgré les ressemblances avec l'organisation underground Splat-Montréal, dont l'hebdomadaire Ici a révélé l'existence récemment, les Décorateurs affirment n'avoir rien à voir avec elle. Splat met toutes ses énergies à barbouiller de peinture les babillards publicitaires alors que les Décorateurs s'en tiennent aux camions publicitaires pour cibles.

«Les camions-pubs, en plus de constituer une forme de pollution supplémentaire, sont le summum du capitalisme sauvage, déplore le jeune activiste. Malgré cela, il n'y a eu aucune consultation publique, aucun débat sur leur présence au centre-ville.»

C'est pourquoi les Décorateurs tenteront prochainement de rassembler, dans le but de manifester publiquement ce mécontentement, une soixantaine de personnes. Pour que les passants voient le message derrière les taches de peinture, des mises en scène seront organisées afin de montrer l'absurdité de ces véhicules dont la seule fin est de trimballer une publicité à la grandeur du centre-ville.

«Si on ne fait que susciter un débat, ce sera une énorme victoire pour nous. On sait que ça n'arrêtera pas du jour au lendemain, on souhaite seulement que les gens réagissent.»

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