Tramway à Québec: les banlieues devront y trouver leur compte, dit la ministre Guilbault

La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, invite le maire de Québec, Régis Labeaume, à ne pas céder à la panique face à l’érosion des appuis au projet de réseau structurant de transport en commun. Le gouvernement caquiste « croit fermement à la nécessité d’un projet de transport collectif moderne et efficace à Québec » pourvu que les banlieusards y trouvent eux aussi leur compte, a-t-elle déclaré mercredi après-midi.
Le gouvernement s’affaire actuellement à « analyser les pour et les contre » des « changements majeurs » demandés en juin dernier au projet de Réseau structurant de transport en commun qui comprend des tramways, des infrastructures réservées au transport collectif ainsi que des Métrobus. « Il ne faut pas décoder là des messages indirects ou autres », a-t-elle laissé tomber.
« On croit que ce faisant, l’adhésion au projet de transport collectif pourra être au rendez-vous, moyennant, justement, d’en faire quelque chose de véritablement régional. Et quand je dis véritablement régional, c’est la prise en compte des intérêts de la Rive-Sud et des banlieues », a-t-elle déclaré lors d’un point de presse mercredi après-midi.
Mme Guilbault s’est dite étonnée des sorties médiatiques effectuées par le maire du Québec au fil des dernières heures, dans lesquelles il a jeté le doute sur l’appui du gouvernement caquiste au projet de tramway, qui est au cœur de son projet de réseau structurant de transport en commun.
Elle a toutefois mentionné que le projet, dans sa forme actuelle, ne jouit pas de l’acceptabilité sociale des citoyens du Grand Québec dans la mesure où, selon elle, l'« appui au tramway est, disons, variable, au fil de certaines péripéties ». « C’est 1,8 milliard de dollars qu’on met là-dedans. Il faut qu’on s’assure que le projet, malgré les modifications, continue de répondre aux critères d’acceptabilité qu’on avait énoncés au départ », a-t-elle dit.
Ce manque d’acceptabilité, le maire de Québec le reconnaît également. « On a déjà été à 60, 70 [%] dans les sondages en acceptabilité sociale. Ça a baissé. Je suis responsable, l’hésitation du gouvernement est responsable, alors je veux reparler de tout ça », a dit Régis Labeaume au Devoir. « Là, actuellement, tout le monde voit les défauts, c’est le party des défauts. »
Le maire a par ailleurs affirmé qu’il n’était « pas simple » de concilier les intérêts des banlieusards et des résidants du centre-ville de Québec. « L’humain qui reste à Val-Bélair et l’humain qui reste à St-Roch, ils ont les mêmes droits. Ils ont des goûts différents, ils ont le même droit au bonheur, alors notre job c’est de tenter de concilier tout ça et de faire des choses qui, au total, les rendent plus heureux », a-t-il déclaré.
La ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale a souligné à gros traits la nécessité d’« imbriquer » le projet de réseau de transport structurant dans les cartons de l’administration Labeaume et le projet de troisième lien entre Québec et Lévis, promis par la Coalition avenir Québec, « l’un dans l’autre ».
« Ce projet [véritablement régional], pour être moderne et efficace, passe par une intégration renforcée des deux projets majeurs à Québec, c’est-à-dire le tunnel Québec-Lévis et le projet de transport structurant sur la Rive-Nord », a répété Geneviève Guilbault sur tous les tons.
Elle a acquiescé à la demande du maire de Québec de fermer la porte à la construction d’une ligne de métro dans la capitale. « Nous ne travaillerons pas sur un projet de métro à Québec. Encore là, on voit mal le lien qui a été fait ce matin, là, parce qu’on ne travaille pas du tout sur ce scénario-là », a-t-elle déclaré.