Les Ursulines quittent leur monastère

Le monastère est l’un des sites patrimoniaux les plus anciens du Québec.
Photo: Alex Bruchez CC Le monastère est l’un des sites patrimoniaux les plus anciens du Québec.

Les Ursulines vieillissent et devront bientôt quitter le Vieux-Québec pour s’établir dans une résidence pour retraités en banlieue. L’installation de la communauté dans la vieille ville remonte au début du XVIIe siècle.

Elles sont une quarantaine à préparer leur déménagement dans une résidence privée du secteur de Beauport, à Québec. « Un petit groupe d’entre elles » restera toutefois au monastère des Ursulines-de-Québec aussi longtemps que possible, ont-elles fait savoir mercredi en soulignant que leur mission d’éducation se poursuivait avec l’école primaire et l’ajout d’un centre de la petite enfance cet été.

« C’est une page d’histoire qu’on tourne pour nos religieuses et nos employés, a déclaré en entrevue la supérieure générale de la congrégation, soeur Cécile Dionne. Il y a une tristesse, mais en même temps on regarde en avant. »

Les soeurs ont aussi fait savoir que le monastère allait bientôt accueillir une quarantaine de bureaux pour les fonctionnaires de la Ville de Québec. L’hôtel de ville se trouve à quelques pas.

Ce monastère est l’un des sites patrimoniaux les plus anciens du Québec. Construit au début de la colonie, il comprend une vaste cour intérieure, des jardins, une chapelle, des archives, un musée et le tombeau de Marie de l’Incarnation, la fondatrice de l’ordre, arrivée en 1639.

Montcalm aussi a été enterré dans la chapelle des Ursulines le soir de sa mort, le lendemain de la bataille des Plaines d’Abraham, mais ses restes ont été déplacés en 2001. Le bâtiment a d’ailleurs survécu au bombardement britannique de 1759, même si on y trouve encore des boulets de canon lancés pendant le siège de la ville. C’est là aussi qu’a eu lieu le procès de la Corriveau en 1763.

Malgré le départ des soeurs, la congrégation demeurera propriétaire du monastère. Elles ont toutefois créé un organisme à but non lucratif en janvier pour gérer leurs biens par l’intermédiaire du Pôle culturel.

Après le déménagement, il restera environ un tiers de l’espace à occuper, soit l’aile du monastère qui donne sur le jardin. « Un comité travaille actuellement à trouver une vocation dans la ligne éducative, culturelle ou patrimoniale », a précisé soeur Dionne.

Un sort de moins en moins incertain

 

Le sort des Ursulines suscitait des inquiétudes ces dernières années, d’aucuns se demandant ce qui adviendrait du monastère lors du départ des religieuses.

Les soeurs avaient déjà procédé à une série de changements pour composer avec le vieillissement de la communauté et le déclin de certaines traditions. L’école secondaire a fermé ses portes et l’école primaire, autrefois réservée aux filles, accueille désormais les garçons.

Les religieuses doivent aller s’installer à la résidence Les Jardins d’Évangéline. Elles y cohabiteront avec une centaine de religieuses d’une autre communauté, les Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie, qui, elles, étaient déjà à Beauport. Les travaux de construction du bâtiment où elles s’installeront doivent débuter cet été.

Leur résidence fait partie d’un complexe déjà existant de résidences pour retraités semi-autonomes. Les soeurs sont enfin heureuses de se rapprocher de « frères et soeurs laïques », de dire soeur Dionne. Ils « vivent comme nous un temps de vieillissement et ont peut-être besoin d’une présence, de quelqu’un pour les écouter, partager avec eux ».