Pas encore besoin de Valcartier pour les réfugiés

Abdallah Al-Mashhadani n’a su qu’à son arrivée à Montréal qu’on l’envoyait dans une ville francophone, à Québec, avec ses cinq enfants.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Abdallah Al-Mashhadani n’a su qu’à son arrivée à Montréal qu’on l’envoyait dans une ville francophone, à Québec, avec ses cinq enfants.

Les réfugiés syriens parrainés par l’État commencent à arriver à Québec. Mais, pour l’instant, leur nombre est nettement insuffisant pour justifier qu’on recoure aux installations de la base de Valcartier.

Jeudi, la porte-parole de la base a dit n’avoir « reçu aucune demande officielle pour le moment ». Valcartier a jusqu’à 2360 lits à offrir en cas de débordement à Québec ou ailleurs au Canada. Kingston joue le même rôle du côté de l’Ontario et, là non plus, on n’a pas encore recouru aux installations d’urgence.

Une trentaine de réfugiés syriens sont arrivés à Québec ces derniers jours. Mais, avec ses 80 lits d’urgence, le Centre multiethnique a amplement d’espace pour les recevoir. « Nous avons la possibilité d’accueillir 29 personnes supplémentaires en dehors de nos chambres d’urgence, dans des salles qu’on pourrait transformer en dortoirs », a expliqué la présidente du CA, Colette Béguerie.

Abdallah Al-Mashhadani, sa femme et ses cinq enfants sont du nouveau groupe d’arrivants. On leur a déjà trouvé un appartement dans le secteur de Sainte-Foy.

« Il est content d’être ici, il dit que l’accueil a été chaleureux, a expliqué un interprète lors d’une conférence de presse courue au Centre, jeudi. Il remercie tout le personnel. »

Autour de lui, les cinq enfants, âgés de 3 à 11 ans, observaient avec étonnement les caméras et les journalistes devant eux. Quelques minutes plus tard, la plus grande, Aya, épellera fièrement les lettres de son prénom en anglais, suivie de peu par son petit frère et ses soeurs.

Leur père était à l’origine agriculteur. Natif d’Idleb, il a amené sa famille au Liban quand les bombardements ont débuté. « Il a eu l’idée de venir au Canada il y a un an et demi. Depuis, il attend, a raconté l’interprète. Il a encore des membres de sa famille à Idleb. D’autres sont au Liban. »

M. Al-Mashhadani n’a su qu’à son arrivée à Montréal qu’on l’enverrait dans une ville francophone, à Québec. Il a raconté qu’il imaginait « un lieu très beau, des jardins, comme un paradis. » Mais il y avait de la neige par-dessus, a ajouté son interprète, déclenchant l’hilarité générale. « Les enfants sont vraiment contents, c’est lui qui a peur de la neige ! »

Avant le groupe arrivé cette semaine, d’autres réfugiés syriens sont venus à Québec, mais ceux-là étaient complètement pris en charge par des familles et des paroisses qui assument toutes leurs dépenses pour les premières années.

À part Québec, les seules autres villes québécoises à avoir reçu des réfugiés parrainés par l’État sont Montréal, Gatineau et Drummondville.

Jeudi, au Centre multiethnique, on ignorait si d’autres groupes allaient arriver au cours des jours à venir. D’ordinaire, on les avise des arrivées 48 heures d’avance.

On sait, par contre, qu’Air Canada transportera près de 1500 réfugiés syriens depuis Amman, en Jordanie, d’ici la semaine prochaine, à bord de cinq vols exploités pour le gouvernement fédéral. L’entreprise a annoncé jeudi que le premier de ces appareils s’était posé en sol canadien et que le second ferait le voyage ce vendredi. Un seul des vols aboutira à l’aéroport de Montréal, samedi, les quatre autres allant se poser à Toronto.

Depuis le 4 novembre, 6720 réfugiés syriens sont arrivés au Canada, dont 2586 sont parrainés par l’État. La plupart des autres sont venus via le parrainage privé.

Abdallah Al-Mashhadani n’a su qu’à son arrivée à Montréal qu’on l’envoyait dans une ville francophone, à Québec, avec ses cinq enfants
La plus grande, Aya, épellera fièrement les lettres de son prénom en anglais, suivie de peu par son petit frère et ses soeurs


À voir en vidéo