Étonnante vague de rabais à Québec

Un mois gratuit, deux, voire trois ! Un nombre grandissant de propriétaires d’appartements offrent des logements au rabais sur le marché de Québec.
« Abordable 4 et demi, deux mois gratuits », « Promotion premier mois gratuit »… Le Devoir a recensé plus d’une soixantaine d’annonces de ce genre mercredi en parcourant les petites annonces du marché de Québec.
La plupart offrent un ou deux mois gratuits, mais un propriétaire en offrait jusqu’à trois pour un condo de trois pièces et demi dans le « Nouvo St-Roch ». Dans le lot, on trouve autant d’appartements que de condominiums à louer, et ce, dans toutes les gammes de prix, de l’abordable au haut de gamme.
À l’Office municipal d’habitation, comme du côté des associations de propriétaires, la tendance étonne. Il faudrait même remonter jusqu’aux années 1990 pour retrouver une vogue de ce genre sur le marché locatif.
Selon nos informations, le phénomène ne serait observable que dans la capitale. Une situation qui surprend d’autant plus que la région a le taux d’inoccupation le plus bas de la province, à 1,8 %. Si on se fie à cette statistique, les appartements devraient être rares et les propriétaires avoir l’embarras du choix parmi les aspirants locataires.
Chute des ventes de condos
Que se passe-t-il donc ? Le marché locatif subit les contrecoups du déclin des ventes de condominiums, croit Hans Brouillette, de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). Plusieurs propriétaires joints mercredi ont en outre confirmé sa perception.
« C’est de plus en plus difficile de louer. Les condos leur font mal, explique M. Brouillette. Il y a des propriétaires qui n’ont même pas d’appels. Alors quand ils voient que certains annoncent des mois gratuits, ils pensent qu’ils ne loueront pas sans ça. »
Avec le ralentissement du marché immobilier, beaucoup de condominiums invendus aboutissent sur le marché de location.
Souvent, les condos à louer sont plus attrayants parce que neufs et en meilleur état. En plus, ils sont souvent beaucoup plus abordables qu’on pourrait le croire. « Si les gens [propriétaires de condos] se permettent de louer en dessous du coût, c’est parce qu’ils savent qu’un jour, ils vont réussir à vendre et qu’ils pourront alors récupérer leur argent », estime M. Brouillette.
Sans crier à la concurrence déloyale, le porte-parole souligne que les propriétaires de condos locatifs sont soumis à beaucoup moins de contraintes. « Il n’y a rien d’illégal là-dedans, mais c’est inéquitable. Lorsque le condo est vendu, le locataire n’a pas le choix de partir », dit-il, alors que ce n’est pas le cas dans un immeuble locatif, à certaines exceptions près.
De plus, les propriétaires de condominiums peuvent faire des augmentations majeures de loyer en cours de route sans souci puisque cela est possible pour les immeubles de cinq ans et moins. Étant donné que beaucoup de condos à vendre sont récents et que le parc locatif est plutôt vieillissant, cela peut créer une autre iniquité, concède-t-il.
C’est de plus en plus difficile de louer. Les condos leur font mal. Il y a des propriétaires qui n’ont même pas d’appels.