Écoquartier: La Ville de Québec s’est «plantée» selon le CRE
Le président du Conseil régional de l’environnement (CRE), Alexandre Turgeon, croit que la ville s’est « plantée » dans le dossier des écoquartiers parce qu’elle a cédé trop de pouvoir aux promoteurs.
« Sur le plan du processus, la Ville s’est complètement plantée », dit-il. À son avis, la Ville aurait dû rester maître d’oeuvre dans le développement des écoquartiers et les céder en plus petits morceaux. « En Europe, on cherche à avoir une multiplicité d’intervenants pour mettre en oeuvre le quartier. »
La Ville de Québec a procédé par appels de propositions. En juin, le consortium mené par Leboeuf Société immobilière a remporté le concours pour développer toute la phase 1 du plus gros écoquartier d’Estimauville. Sa superficie totalise plus de six hectares. Une semaine plus tard, il remportait l’autre concours pour le plus petit des écoquartiers, Pointe-aux-Lièvres.
D’entrée de jeu, Alexandre Turgeon a dit au Devoir « qu’on [avait] raté notre coup avec les écoquartiers ». Puis il s’est ravisé en disant que c’était un peu tôt et qu’il voulait quand même donner sa chance au coureur. La construction doit normalement débuter au printemps.
M. Turgeon et le CRE sont pourtant d’ardents défenseurs des écoquartiers et militent depuis des années pour que les villes québécoises en implantent. Ils ont même organisé des missions en Europe pour que les décideurs québécois les découvrent. En Europe, dit-il, des groupes de citoyens ont la possibilité de soumissionner sur certains lots des écoquartiers et les projets sont de meilleure qualité lorsque c’est le cas.
Il déplore en outre que la Ville ait désormais peu de contrôle sur la suite des choses. « C’est quoi, les contraintes du promoteur ? Sur l’aménagement des rues ? Les infrastructures ? Comment est-il tenu de mettre en place les éléments qu’il a dit qu’il y aurait dans le projet ? Je pense que la Ville a très peu de moyens de contrôler ça. »
Enfin, il s’inquiète pour les délais. La Ville de Québec a donné cinq ans à Leboeuf Société immobilière pour qu’elle développe les écoquartiers mais, en juin, il s’est dit prêt à les livrer deux ans plus tôt. Alexandre Turgeon n’en est pas convaincu. « Dans le meilleur des mondes, ça va être un beau projet de promoteur. Mais c’est sûr que ça va prendre plus de temps à mettre toutes les unités sur le terrain. […] Les premiers résidents qui vont y aller vont subir les constructions des autres unités pendant dix ans. »