Écoquartiers - Le FRAPRU dénonce la construction de «ghettos verts pour les plus fortunés»
Québec — Le FRAPRU dénonce la décision du promoteur Leboeuf Société immobilière de limiter à 140 le nombre de logements sociaux dans les écoquartiers de la ville de Québec. Selon lui, cela revient à en faire des « ghettos verts pour les plus fortunés ».
« Sur près de 2700 [logements], ça fait à peine plus de 5 % », a déploré l’organisme de défense du logement social hier. « On se dirige vers une situation comparable à celle du seul autre “ écoquartier ” qui s’est développé à Québec, la Cité verte, où ne seront construits que 40 logements sociaux [et aucun autre logement locatif], soit à peine 5 % du total des unités sur ce site », dénonce la porte-parole Véronique Laflamme.
Le Devoir de samedi dernier révélait en effet que les deux nouveaux écoquartiers seraient constitués essentiellement de condominiums (de 80 à 90 %) avec environ 140 logements sociaux, surtout pour les personnes âgées.
Pour le FRAPRU, c’est « dérangeant » parce que les personnes âgées ne sont pas les seules à avoir des « besoins » dans les quartiers environnants. Le manque de logements à bon prix ne touche pas seulement les personnes défavorisées, mais aussi « les personnes à revenu moyen », ajoute-t-on.
Le FRAPRU réclame que la part du logement social s’élève à 30 % dans les écoquartiers. Il fait valoir que la notion de « développement durable » dans ces quartiers verts comporte aussi une composante sociale.
À défaut de rendre l’habitation plus accessible, on sombre dans le « greenwashing », selon Mme Laflamme. Ces écoquartiers « ne doivent pas être que des ghettos verts pour les plus fortunés », dit-elle.
Quand on lui fait remarquer que l’administration Labeaume utilise déjà le maximum des logements sociaux offerts par le gouvernement du Québec (le programme Accès Logis), elle rétorque que la Ville pourrait faire pression sur le gouvernement québécois pour qu’il en finance davantage. Le FRAPRU réclame en outre une politique « d’inclusion » pour que la Ville force les promoteurs immobiliers à systématiquement intégrer aux projets résidentiels une portion de logements sociaux.
Malgré les investissements des dernières années, le marché locatif de la capitale est toujours en situation de déséquilibre avec un taux d’inoccupation parmi les plus bas au Québec (0,7 %).