Amphithéâtre de Québec - L'Ancienne-Lorette veut entraver le dossier

Après des mois de négociations, Régis Labeaume a rendu publique son entente finale avec Quebecor sur la gestion de l’amphithéâtre. Le seul ajout notable, selon le maire, réside dans la conclusion d’un contrat «ferme» sur 25 ans qui force Quebecor à s’engager à long terme vis-à-vis de la Ville de Québec.
Photo: Clément Allard - Le Devoir Après des mois de négociations, Régis Labeaume a rendu publique son entente finale avec Quebecor sur la gestion de l’amphithéâtre. Le seul ajout notable, selon le maire, réside dans la conclusion d’un contrat «ferme» sur 25 ans qui force Quebecor à s’engager à long terme vis-à-vis de la Ville de Québec.

Québec — Un nouvel obstacle pourrait bloquer le règlement de l'entente sur l'amphithéâtre entre la Ville de Québec et Quebecor puisque le maire de L'Ancienne-Lorette, Émile Loranger, menace de paralyser le dossier au niveau de l'agglomération.

L'approbation de l'entente par le conseil d'agglomération devait pourtant n'être qu'une formalité lors du vote d'hier soir puisque la Ville de Québec détient cinq des sept votes sur cette instance.

Le maire Loranger et le maire de Saint-Augustin (l'autre municipalité défusionnée de Québec), Marcel Corriveau, font les manchettes depuis des semaines pour dénoncer le peu d'importance que leur accorde le maire de Québec, Régis Labeaume, dans ce dossier.

Les deux hommes dont les municipalités vont financer 6 % de l'amphithéâtre avaient laissé entendre qu'ils voteraient contre l'entente, une décision à la portée minime étant donné leur poids au sein de l'agglomération.

Or ce n'est pas ce qui s'est produit finalement lors de la séance du conseil d'agglomération hier soir. Après s'être vu refuser un report du vote pour prendre le temps d'étudier l'entente et la faire approuver par son conseil municipal, le maire Loranger a décidé de s'abstenir de voter dans le but évident de rendre le vote invalide.

«Le report a été rejeté, mais ça ne veut pas dire que la décision qui a été prise ce soir est légale», a-t-il déclaré à la sortie de la séance. À un journaliste qui lui demandait s'il entendait la contester, il a rétorqué que c'était «une bonne question».

Ce coup d'éclat survient dans un contexte où beaucoup de signes suggèrent que M. Loranger se prépare à relancer le débat sur les structures héritées des défusions dans la capitale. Les médias ont d'ailleurs été convoqués à une mystérieuse conférence de presse cet après-midi à l'hôtel de ville de L'Ancienne-Lorette.

Une entente de 25 ans

La journée avait pourtant bien commencé pour le maire Labeaume qui, après des mois de négociations, rendait publique son entente finale avec Quebecor sur la gestion de l'amphithéâtre.

Le document ne contient pas de modifications majeures par rapport à l'entente préliminaire qui avait été présentée en mars dernier. Il prévoit toujours le versement par Quebecor de 63,5 millions pour les droits de gestion de l'amphithéâtre si le projet d'attirer une équipe de la Ligue nationale de hockey se réalise, et le paiement de 33 millions s'il échoue.

Les deux parties maintiennent aussi le paiement d'un loyer annuel oscillant entre 2,5 et 5,5 millions selon les années et les scénarios.

Néanmoins, l'entente ouvre la porte à un troisième scénario dans l'éventualité où Quebecor parviendrait à acheter une équipe seulement après l'année 2020. Dans ce cas, les 30,5 millions dus à la Ville de Québec seraient réduits en fonction des années.

Mais le seul ajout notable, selon le maire, réside dans la conclusion d'un contrat «ferme» sur 25 ans qui force Quebecor à s'engager à long terme vis-à-vis de la Ville de Québec. «Quand les Nordiques sont partis de Québec, on est restés le bec à l'eau avec l'amphithéâtre à entretenir», a-t-il rappelé avant d'ajouter que dans l'éventualité improbable où Quebecor achetait une équipe et décidait de la revendre après dix ans, elle devra quand même continuer à payer un loyer à la Ville pendant 15 ans.

À la demande de Quebecor, la gestion de l'amphithéâtre sera assurée par un organisme sans but lucratif qui sera entièrement contrôlé par l'entreprise.

Trop de marge de manoeuvre


Hier, les élus de l'opposition ont surtout reproché à la formule choisie de donner trop de marge de manoeuvre à l'entreprise. Les conseillers Jean Guilbault et Yvon Bussières ont dit craindre que l'entreprise ou l'OSBL qui la représentera manipulent les chiffres de façon à minimiser le pourcentage des profits dus à la Ville, par exemple.

De son côté, le maire a martelé que la Ville avait obtenu le maximum de son partenaire. «Manifestement, Quebecor ne pouvait offrir plus aux Québécois», a-t-il dit dans son discours.

Certaines zones grises subsistent toutefois. Ainsi, le document rendu public hier est muet sur la place qui sera donnée à l'équipe de hockey junior les Remparts dans le futur amphithéâtre.

Reste aussi à établir jusqu'à quel point le site d'Expo Cité, où sera construit l'amphithéâtre, pourra accueillir d'autres activités sans déranger Quebecor. Hier, l'un des négociateurs de la Ville a convenu que le partage des rares espaces de stationnement restait à définir.

L'entente de quelque 200 pages ne permet pas non plus de résoudre l'ambiguïté juridique à l'origine du projet de loi 204. Le maire a toutefois fait valoir que sa démarche était «tellement légale» que le gouvernement Charest avait décidé de modifier la Loi sur les cités et villes à cause d'elle.

Pas question toutefois pour le maire d'attendre ce changement-là pour agir. L'entente dévoilée hier est d'ailleurs conditionnelle à l'adoption du projet de loi 204 tôt cet automne. Ce sur quoi a insisté le porte-parole de Quebecor dans ses brèves interventions dans les médias hier. «Une fois le projet de loi 204 adopté, nous pourrons concentrer nos efforts à l'objectif ultime: ramener une équipe de la Ligue nationale à Québec.»

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