Revitalisation du quartier Saint-Roch - L'Allier prône la conciliation autobus-voiture

Québec — Gagné à l'idée de développer davantage les transports en commun à Québec, l'ancien maire Jean-Paul L'Allier croit néanmoins qu'il ne faut pas «opposer» l'automobile et les bus, mais trouver de nouvelles façons de les «combiner».
«Il va falloir que les gens apprennent que, dans une ville, t'as pas toujours ton char en dessous du bras et ton stationnement en dessous de ta table de restaurant», a-t-il déclaré hier matin en marge d'une conférence sur la revitalisation du quartier Saint-Roch.Cinq ans après le départ de M. L'Allier, tout ce qui grouille dans Saint-Roch s'est réuni le temps d'un sommet pour faire le point sur la revitalisation imaginée par le maire et son équipe, il y a une bonne vingtaine d'années.
Tout en répétant qu'il ne voulait pas se mêler des dossiers courants du maire en poste, l'ancien maire a pris le temps de répondre à toutes sortes de questions des journalistes sur place. Ainsi, sur la question des transports en commun, il a raconté comment son équipe avait envisagé d'offrir aux utilisateurs des bus une carte à puce incluant un forfait de stationnements à bas prix. Une façon, a-t-il expliqué, d'encourager les résidants des banlieues à se garer près des centres commerciaux aux abords de la ville pour ensuite prendre l'autobus à partir de là vers le centre. «Le propriétaire des Galeries de la Capitale était prêt à gérer le stationnement gratuitement, a raconté l'ancien maire. On cherchait des façons de marier l'automobile avec le transport en commun, pas de l'opposer. On a besoin des deux: tu ne vas pas aller au Club Price en autobus et puis revenir avec un congélateur.»
Dans le passé, Jean-Paul L'Allier a déjà donné son appui au projet de tramway défendu depuis quelques mois par le maire en poste, Régis Labeaume. Dans son plan de mobilité durable, ce dernier propose de faire de Saint-Roch le carrefour des transports et du futur tramway, à la manière de Berri-UQAM pour le métro à Montréal.
Un quartier qui partait de loin
Devant les participants au sommet Actions Saint-Roch à l'hôtel Pur, M. L'Allier a rappelé à quel point le quartier partait de loin à la fin des années 1980, terrassé qu'il était par l'avènement des centres commerciaux de banlieue, un véritable «cannibalisme fiscal», a-t-il dit.
Pour contrer cela, il fallait offrir «plus qu'un centre commercial au centre-ville», a-t-il répété. Aménagement d'un grand parc au coeur du quartier, avantages fiscaux aux entreprises, ateliers d'artistes, installation «de morceaux d'université» au centre-ville (l'ENAP, l'INRS, etc.), mobilisation de tous les acteurs du secteur (dont les chauffeurs de taxi!), la Ville a mis le paquet.
«Oui, on a réussi la revitalisation du centre-ville. Il est sorti des soins intensifs, puis de l'hôpital», a résumé l'ancien maire, aujourd'hui à l'emploi d'une firme d'avocats réputée. Son meilleur coup? «Le jardin. Ç'a été bien de le faire au début du projet parce que ç'a attiré des universités et tué beaucoup de préjugés.»
Interrogé sur l'arrêt dès décembre des crédits d'impôt aux entreprises technologiques du secteur, M. L'Allier a rétorqué qu'elles avaient rempli leur mandat, mais que certaines pourraient «peut-être» en avoir besoin.
Qualifiant le quartier de «fragile», il a dit que c'était le lot de tous les quartiers reposant sur ce qu'on appelle la «mixité», soit un équilibre entre les fonctions (commerciale, résidentielle, artistique, universitaire, sociale, etc.), chose sur laquelle les villes n'ont pas de prise directe.
À propos de la menace que présentent les nouveaux «centres-villes» qui se développent sur le boulevard Laurier et dans le secteur Lebourgneuf, il a soutenu qu'ils étaient moins menaçants qu'auparavant, les fusions ayant privé ces secteurs des avantages fiscaux des banlieues.
Des Olympiques et des Nordiques
Dans le dossier olympique, M. L'Allier a dit que le maire Labeaume était «sage» d'écarter le scénario d'une candidature si le Massif ne répond pas aux normes de la Fédération internationale de ski. Il a par ailleurs trouvé intéressante l'idée d'une candidature conjointe avec la Ville de Lake Placid, aux États-Unis, laquelle a les installations pour accueillir les épreuves de descente.
«Ça permettrait d'avoir le bloc américain pour la candidature. Ce n'est pas négligeable, ça vaut de l'argent.» Or sa préférence va à d'autres types de compétitions, comme le Championnat du monde de hockey, que Québec a accueilli avec succès en 2008. «J'ai toujours eu beaucoup confiance dans les événements par catégories, comme le championnat de patin de vitesse. Si tu multiplies ces championnats-là, ça t'amène beaucoup de monde, de la visibilité éparpillée dans l'année, et ça ne te coûte pas Lillehammer.»
Enfin, sur le projet de ramener les Nordiques à Québec, Jean-Paul L'Allier a lancé sans le nommer une invitation à l'ancien patron des Nordiques (et actuel président du Comité olympique), Marcel Aubut. «Le jour où ceux qui ont mis l'argent dans leurs gains le remettront sur la table pour le retour, on commencera à prendre ça au sérieux.»