Labeaume s'emporte contre la mairesse de Lévis

«Hé que j’ai d’la misère des fois avec cette mairesse-là», a dit hier Régis Labeaume à la mairesse de Lévis.
Photo: Yan Doublet - Le Devoir «Hé que j’ai d’la misère des fois avec cette mairesse-là», a dit hier Régis Labeaume à la mairesse de Lévis.

Québec — Le maire Régis Labeaume s'est vivement emporté contre la mairesse de Lévis, Danielle Roy-Marinelli, hier lors d'une séance de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) où les couteaux ont volé très bas. Le différend à l'origine de la rencontre — un vote sur le gel de l'étalement urbain — reste quant à lui entier.

«Hé que j'ai d'la misère des fois avec cette mairesse-là. [...] Je trouve ça détestable ce que la mairesse vient de faire là. Quand tu viens de t'entendre, c'est vraiment inutile de se faire du capital politique», a lancé le maire de Québec.

La prise de bec découlait d'un malentendu. Le maire de Saint-Augustin s'était fourvoyé en attribuant le mérite d'un compromis politique à Mme Marinelli, alors qu'il revenait en fait au maire Labeaume. Tout en reconnaissant la méprise, la mairesse a rappelé que l'équipe de M. Labeaume partait de loin et que «c'était la seule alternative qui lui restait», ce qui a déclenché la colère du maire Labeaume.

Scandalisée, une élue de la ville de Lévis a répliqué en invitant Mme Marinelli à dire aux journalistes «comment le maire [la] traitait à l'extérieur des réunions». «M. le maire n'a aucun respect pour les élus à part son équipe!» a-t-elle lancé. À la sortie de la séance, Mme Marinelli a dit aux journalistes que M. Labeaume la traitait en privé «comme il la traitait en public: irrespectueusement».

La querelle était d'autant plus étonnante que le compromis dont on se disputait le mérite avait dû être ficelé pour résoudre un autre conflit auquel était mêlé le maire Labeaume, cette fois avec le préfet et les élus d'une MRC voisine.

Convaincu de la nécessité de protéger de toute urgence la source en eau potable au nord de la ville, Régis Labeaume avait suscité la colère de ses collègues, il y a dix jours, en menaçant d'en appeler au ministre et même aux tribunaux si la MRC de la Jacques-Cartier cherchait à bloquer sa stratégie dans ce dossier.

Le maire de Québec veut geler tout développement domiciliaire pour 90 jours dans une zone à risque qui est en bonne partie à l'extérieur de son territoire, par la voie d'un règlement de contrôle intérimaire. Il s'appuie dans ce dossier sur une étude de la firme Roche qui soulève des questions quant à l'impact du développement résidentiel sur les concentrations de phosphore notamment.

Reporté dans deux semaines

Au terme de longs échanges à huis clos avant la séance du CMQ d'hier, les élus avaient réussi à s'entendre pour reporter leur décision à dans deux semaines. Selon les règles de la CMQ, le préfet de la MRC de la Jacques-Cartier, Jacques Marcotte, n'aurait besoin que d'un seul appui pour bloquer par veto le règlement défendu par le maire Labeaume.

À la sortie de la rencontre d'hier, M. Marcotte a dit qu'il avait besoin de plus de temps pour consulter l'étude de Roche, qu'il a pourtant en main depuis des mois. Il a aussi expliqué qu'il se servirait du délai pour trouver des propositions alternatives à faire au maire de Québec. Or le maire Labeaume a répété qu'il n'entendait pas bouger dans ce dossier.

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