Jean Garon défait à Lévis

Québec — Légèrement en avance dans les sondages, Jean Garon a finalement subi une défaite importante lors de l'élection à Lévis, contre la candidate Danielle Roy-Marinelli (Parti Force 10) qui a obtenu 42 % des voix, contre 28 % pour le maire sortant.

La division du vote a joué un rôle important dans cette élection puisqu'un troisième candidat, Gilles Lehouiller (Parti Démocratie Lévis), a reçu des appuis nombreux (25 %). Le jeune candidat indépendant Mathieu Castonguay a pour sa part récolté 5 % des votes. Le taux de participation s'est élevé à 48,03 %.

«Nous sommes d'autant plus heureux qu'il s'agit d'une victoire assez importante, a commenté hier la nouvelle mairesse. On le sentait un peu que la victoire était possible mais, avec trois candidats, on ne sait jamais.»

L'équipe de Danielle Roy-Marinelli obtient sept des 15 sièges du conseil municipal. Le Parti des citoyens et des citoyennes de Jean Garon sera, quant à lui, représenté par quatre conseillers. Démocratie Lévis hérite de trois sièges et un candidat indépendant a été élu.

Cette victoire est une surprise dans la mesure où un sondage CROP mené à la mi-octobre prévoyait une victoire serrée de Jean Garon. Après répartition des indécis, le maire sortant récoltait 31 %, Mme Marinelli, 26 %, et Gilles Lehouiller, 19 %. Ce dernier avait par ailleurs déclaré récemment que ses sondages internes lui donnaient autant d'appuis qu'au maire Garon.

Ancienne mairesse de Saint-Jean-Chrysostome, Danielle Roy-Marinelli s'était jointe à l'équipe de Jean Garon lors des élections de 2001. L'an dernier, elle a quitté le parti, en compagnie de trois autres conseillères municipales, pour dénoncer l'intolérance du maire Garon à l'égard de toute forme d'opposition. L'amélioration du réseau de transport en commun et des services aux citoyens ainsi qu'un «changement de ton» figurent parmi les priorités de la nouvelle mairesse.

Des propos controversés

Avant son élection à la mairie de Lévis en 1998, Jean Garon a été député de Lévis pendant vingt ans, sous la bannière du Parti québécois. Durant la campagne électorale, ses propos controversés sur la démocratie municipale ont fait le tour du Québec. M. Garon avait déclaré à des journalistes que, à son avis, l'opposition dans un conseil municipal était «une nuisance».

Mme Marinelli a reconnu hier que la déclaration de M. Garon ne lui avait pas nui. «Avant qu'il fasse cette déclaration, on sentait qu'il avait perdu la confiance de beaucoup de gens, mais je ne vous cacherais pas que ça m'a aidée [...]. Je suis en politique depuis 1991 et je n'avais pas vu d'élu se comporter comme M. Garon. C'était invivable comme façon de gouverner.»

Mme Marinelli avait reçu des appuis importants au cours des derniers jours, notamment de la part des ex-députés Denyse Carrier-Perreault et Claude Lachance, deux anciens collègues de M. Garon au PQ, ainsi que de l'organisatrice en chef de la campagne de Jean Garon en 2001.

Le conseil municipal de Lévis n'est pas la seule arène où M. Garon s'est valu une réputation de batailleur. Ses rapports avec la Ville de Québec n'étaient guère plus harmonieux.

Le politicien avait notamment refusé de s'associer au Pôle Québec-Chaudière-Appalaches, un organisme de développement économique régional, ainsi qu'à la Commission de la capitale nationale et aux Fêtes du 400e de Québec.

Durant la campagne électorale, le vice-président sortant du comité exécutif de la Ville de Québec et candidat à la mairie, Claude Larose, a dit souhaiter que le maire Garon ne soit pas élu pour permettre une meilleure collaboration entre les deux rives.

Lévis compte 126 000 habitants, ce qui en fait la 8e ville en importance au Québec. La municipalité connaît actuellement un véritable boom économique, ce qui a amené la Fédération québécoise des Chambres de commerce et la revue Commerce à la couronner ville de l'année en 2005.

La campagne électorale à Lévis a notamment été marquée par des discussions entourant le projet de terminal méthanier de Rabaska. Sans officiellement appuyer le projet défendu par Gaz Métro, Embridge et Gaz de France, les trois principaux candidats ont dit avoir pour lui un préjugé favorable. Seul le jeune candidat écologiste Mathieu Castonguay s'y est opposé.

Collaboratrice du Devoir

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