Les villes bientôt en campagne électorale

Après 20 années de domination du maire Jean Tremblay sur la ville de Saguenay, le départ de celui-ci marque la fin d’une époque. Or il ne faudrait pas en conclure à la mort de son influence pour autant. Le maire vient d’ailleurs de fonder son parti politique — le Parti des citoyens de Saguenay —, et ce, après l’annonce de son départ.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Après 20 années de domination du maire Jean Tremblay sur la ville de Saguenay, le départ de celui-ci marque la fin d’une époque. Or il ne faudrait pas en conclure à la mort de son influence pour autant. Le maire vient d’ailleurs de fonder son parti politique — le Parti des citoyens de Saguenay —, et ce, après l’annonce de son départ.

Dans un an, jour pour jour, les citoyens de la grande majorité des villes québécoises seront appelés aux urnes afin d’élire leur maire et leurs conseillers municipaux. Les Denis Coderre, Régis Labeaume, Marc Demers, Caroline St-Hilaire et Yves Lévesque solliciteront un nouveau mandat auprès des électeurs, alors qu’un vieux routier de la politique, Jean Tremblay à Saguenay, tirera sa révérence.

Quelque 1100 municipalités québécoises auront des élections le 5 novembre 2017 afin de pourvoir plus de 8000 postes d’élu. L’échéancier peut sembler lointain, mais déjà, dans les coulisses, les préparatifs ont commencé dans plusieurs villes.

À Montréal, Denis Coderre a déjà fait savoir qu’il défendra son siège de maire. Reste à voir qui seront ses adversaires.

Projet Montréal, qui forme l’opposition officielle, choisira son chef le 4 décembre prochain. Mais l’avenir des deux autres partis présents à l’hôtel de ville, soit Coalition Montréal et Vrai Changement pour Montréal, demeure incertain. Et c’est sans compter les candidatures-surprises qui pourraient émerger au cours des prochains mois.

Après trois ans au pouvoir, le maire Coderre semble profiter d’une longueur d’avance. En novembre 2015, il bénéficiait d’ailleurs d’un taux de satisfaction de 72 % auprès des Montréalais. « Ce n’est pas une lune de miel, mais il bénéficie encore d’une présomption favorable », estime la professeure de l’UQAM Danielle Pilette, spécialiste en gestion municipale. Elle prévient toutefois que cette présomption favorable pourrait s’éroder d’ici le scrutin.

L’épisode du « Flushgate », le dossier des pitbulls, l’improvisation entourant l’interdiction des calèches et, plus récemment, l’espionnage de deux journalistes par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pourraient lui nuire. « Mais ce qui est favorable au maire Coderre, c’est que le souvenir de l’inaction qui a caractérisé les dix années précédentes est encore vif. Par rapport à ça, son mandat est dynamisant », observe Danielle Pilette.

À son avis, déloger Denis Coderre demeurera une tâche ardue pour Projet Montréal, peu importe qui, de François Limoges, Valérie Plante ou Guillaume Lavoie, prendra les rênes du parti. « Les personnes les plus fortes dans ce parti sont dans les mairies d’arrondissement. Le risque, c’est que le candidat à la chefferie soit un personnage relativement mineur. »

Le danger pour Denis Coderre, c’est qu’un troisième parti fort ou une candidature solide à la mairie se lance dans la course, croit Danielle Pilette. La flamboyante avocate Anne-France Goldwater a évoqué la possibilité de sauter dans l’arène, mais la professeure émet quelques doutes. « Je ne croirai à sa candidature que si elle a un certain nombre de personnes avec elle et des personnalités. Parce que, sans expérience municipale et sans équipe, ça commence à faire pas mal de handicaps en même temps », dit-elle.

Longueuil et Laval

 

Arrivé en poste en 2013 après le long règne de Gilles Vaillancourt, le maire de Laval, Marc Demers, pourrait faire face à au moins deux adversaires lors du scrutin de novembre 2017. Les partis d’opposition fourbissent déjà leurs armes. Action Laval, le parti de Jean-Claude Gobé, qui n’a qu’une élue au conseil municipal, présentera sous peu une première cohorte de candidats. Le Parti Laval, qui compte trois élus, dont le chef intérimaire et fondateur Michel Trottier, se choisira un chef au début de 2017.

De son côté, Caroline St-Hilaire, qui doit composer ces jours-ci avec la fronde des maires des municipalités voisines, briguera un troisième mandat à la mairie de Longueuil.

Québec et Lévis

 

À Québec, personne n’a été surpris d’apprendre que Régis Labeaume va se représenter. Reste à savoir sur quels thèmes il fera campagne. Après l’amphithéâtre en 2009 et les relations de travail en 2013, va-t-il encore en profiter pour faire pression sur le gouvernement ? Chose certaine, les thèmes du transport, de la congestion et du troisième lien s’imposent déjà comme des incontournables.

Pendant ce temps, ça bouge au sein du parti d’opposition Démocratie Québec avec l’entrée en scène d’un nouveau joueur, l’avocat François Marchand. Spécialiste en droit municipal, le nouveau venu a décidé d’affronter la conseillère Anne Guérette dans la course à la chefferie du parti qu’elle a cofondé. Les résultats seront connus le 3 décembre prochain. Quels que soient les résultats, les deux candidats attaquent déjà le maire sortant sur son style et sur sa propension au « manque de respect » et à « l’intimidation ».

Du côté de Lévis, le maire Gilles Lehouillier n’a pas encore indiqué s’il comptait se représenter, mais tout laisse croire qu’il sera dans la course après un seul mandat derrière la cravate. Récemment, le dossier du troisième lien, auquel il est favorable, lui a donné une visibilité accrue par rapport au maire Labeaume, dont la position était plus ambiguë.

Ailleurs au Québec

 

On surveillera tout particulièrement les élections à Saguenay. Après 20 années de domination du maire Jean Tremblay, le départ de celui-ci marque la fin d’une époque. Or il ne faudrait pas en conclure à la mort de son influence pour autant. Le maire vient d’ailleurs de fonder son parti politique — le Parti des citoyens de Saguenay —, et ce, après l’annonce de son départ. Du côté de l’opposition, l’Équipe du Renouveau démocratique (ERD) se prépare à cette course depuis longtemps avec à sa tête Josée Néron, anciennement gestionnaire d’un centre dentaire. Reste à savoir si d’autres candidats se lanceront dans la mêlée dans les mois à venir.

Du côté de Sherbrooke, de Trois-Rivières et de Gatineau, les maires en poste ont tous l’intention de se représenter. À Sherbrooke, le maire Bernard Sévigny, récemment nommé président de l’Union des municipalités du Québec, en serait à son troisième mandat. À Trois-Rivières, Yves Lévesque vient d’annoncer qu’il sollicitait un nouveau mandat après 15 ans à la tête de la ville. Chose certaine, si l’ancienne première ministre Pauline Marois avait décidé d’aller de l’avant avec son projet d’imposer un maximum de trois mandats consécutifs aux maires, il aurait été de ceux à devoir revoir leurs plans.

Ce ne serait toutefois pas le cas du maire de Gatineau, Maxime Pedneault-Jobin, un nouvel élu qui avait défait le maire sortant Marc Bureau lors des dernières élections de 2013. Après un premier mandat houleux (en raison du controversé dossier de l’amphithéâtre des Olympiques), il semble toutefois bien en selle. Selon un nouveau sondage d’ICI Radio-Canada, il récolterait 70,7 % des appuis, devant 20,7 % pour sa seule adversaire déclarée, la conseillère Sylvie Goneau.

 

Ce texte fait partie de notre section Perspectives.

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