«La culture, c’est le socle de nos communautés»

Hélène Roulot-Ganzmann Collaboration spéciale
L’œuvre La Macrée, du nom d'un navire utilisé par de jeunes soldats français venus défendre la Nouvelle-France contre l'Angleterre, en juillet 1758, est située à l’entrée du parc du sentier du Littoral, à l’embouchure de la rivière Rimouski. Elle a été réalisée par un collectif d’artistes formé de Marquise Leblanc, Gilles Caron, Yvon Lavoie et Alain Ross.
Photo: Gino Caron L’œuvre La Macrée, du nom d'un navire utilisé par de jeunes soldats français venus défendre la Nouvelle-France contre l'Angleterre, en juillet 1758, est située à l’entrée du parc du sentier du Littoral, à l’embouchure de la rivière Rimouski. Elle a été réalisée par un collectif d’artistes formé de Marquise Leblanc, Gilles Caron, Yvon Lavoie et Alain Ross.

Ce texte fait partie du cahier spécial Arts et villes 2016

Inspiré de la célèbre phrase d’Antoine de Saint-Exupéry « fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité », le 29e Colloque du réseau Les Arts et la Ville aura pour thème cette année « Du rêve à l’action ». Durant trois jours, du 1er au 3 juin prochain, artistes, élus locaux et gens d’affaires se réunissent à Rimouski pour discuter de la culture, comme objet de divertissement certes, mais aussi comme vecteur de développement.

« L’idée, c’est de mettre en avant des exemples inspirants d’entreprises qui se sont investies culturellement dans leur milieu, explique Linda Roy, directrice générale de Les Arts et la Ville. Montrer tous les bénéfices qu’elles peuvent en retirer afin que ceux parmi les entrepreneurs qui sont peut-être un peu plus réfractaires à ce type de projets ou y voient moins d’intérêt puissent les regarder sous un autre angle. »

Car les bénéfices qu’on gagne à amener la culture et les arts dans les communautés, Mme Roy en est certaine, il y en a beaucoup.

« La culture est transversale, indique-t-elle. Elle touche tous les secteurs d’activités. Une communauté est faite de tous ses acteurs, et la culture est un domaine qui permet d’aller un peu partout réunir les gens, les rassembler pour faire que la qualité de vie des citoyens soit améliorée. Ça peut être dans le rayonnement de la municipalité, dans la cohésion sociale entre tous les individus qui composent cette société, il y a plein d’exemples. »

Autre convaincu : le maire de Rimouski, Éric Forest. Il estime également qu’il est de moins en moins difficile de convaincre les décideurs de l’importance de la culture pour le développement de leur territoire.

« La question est d’abord démographique, indique-t-il. Aujourd’hui, les gens peuvent bouger. Les territoires sont donc en compétition les uns avec les autres pour attirer de la main-d’oeuvre qualifiée et de jeunes familles qui vont prendre la relève de nos organisations. Ce n’est pas avec de l’eau potable qu’on va les attirer. Les services de base, tout le monde va les avoir. Ce qui va distinguer un milieu de vie d’un autre, ce sont les ingrédients qui lui donnent une couleur distincte, de la personnalité. La culture fait partie intégrante des facteurs attractifs d’une ville. »

 

Rimouski, ville hôte

 

C’est donc avec une grande fierté qu’il organise cette rencontre à Rimouski, ville qui a d’ailleurs déjà reçu ce colloque il y a une dizaine d’années. Entre-temps, le maire a coprésidé le réseau Les Arts et la Ville entre 2007 et 2009 et, à la tête de l’Union de municipalités du Québec (UMQ) au début de la décennie, il a légué un livre blanc au sein duquel tout le monde s’accorde à dire qu’un élu municipal ne peut plus aujourd’hui prétendre avoir comme seul objectif de réduire le fardeau fiscal de ses administrés. En temps de crise par exemple, en période d’austérité, il se doit d’être créatif afin de trouver les meilleures solutions pour sa communauté.

« Il doit porter une vision, des valeurs, proposer un projet, affirme M. Forest. Et dans ce projet, les arts et la culture sont des ingrédients indissociables. Il ne faut pas oublier que les gens, aujourd’hui, ont Internet, ils sont sur les médias sociaux. Ils ont une ouverture sur le monde, sur ce qui se fait ailleurs. Ils ont accès à une culture universelle. Et ils souhaitent également se plonger dans une culture locale et régionale qui leur est propre. La culture, c’est le socle de nos communautés. »

Un mariage fructueux

 

Qui dit culture dit également créativité. Et comme la créativité attire la créativité, les entreprises ne peuvent être que gagnantes, croient nos deux interlocuteurs, qui rappellent que nous sommes entrés dans l’économie du savoir, et que ce nouvel écosystème est très friand de cerveaux créatifs.

« Les entrepreneurs ont besoin d’une main-d’oeuvre créative, explique Mme Roy. Et il faut être dans un bon état d’esprit pour être créatif. La plupart des gens le savent aujourd’hui. Mais avec ce colloque, nous voulons le rappeler par des exemples concrets de partenariats, des témoignages. C’est important de s’arrêter pour réfléchir et échanger. Ça permet de nous remettre les idées en place. Les Arts et la Ville, c’est un réseau. Nous partageons les expériences pertinentes, et ça donne à tous des outils pour mieux travailler. »

Parmi la trentaine de conférenciers, on retrouve Éric Forest. Il participera à une table ronde sur les pouvoirs de la culture. Isabelle Hudon, qui occupe le poste de chef de la direction au Québec à la Financière Sun Life, femme d’affaires s’il en est, mais aussi très impliquée dans son milieu, viendra expliquer en quoi le monde des affaires a tout à gagner à investir culturellement dans sa communauté. Le directeur général de l’Institut Mallet, Romain Girard, évoquera quant à lui l’aspect philanthropique nécessaire aux arts et à la culture et qui pourrait être un bon moyen pour les gens d’affaires de s’investir.

Le directeur général du Théâtre du Loup de Cambronne à Rivière-du-Loup, Marc-Olivier Dugas-Pelletier, la présidente-directrice générale de Vision Diversité à Montréal, Aïda Kamar, ou encore le directeur des Jardins de Métis, Alexander Reford, viendront quant à eux parler de leur expérience et expliquer comment on passe d’une idée, d’un discours à la réalisation du projet. Comment on passe finalement du rêve à l’action.

« C’est vraiment un événement très important, conclut Éric Forest. Un événement qui va faire prendre conscience à tous que les arts et la culture sont aujourd’hui incontournables dans nos communautés. Et qui va bâtir des ponts entre les élus, les artistes et les gens d’affaires. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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