Les organismes régionaux redoutent des compressions

Un conseiller municipal de Thetford Mines, Yves Bergeron, a fait valoir qu’une entreprise locale de structures d’acier manquait cruellement de travailleurs.
Photo: Dmitry Kalinovsky Un conseiller municipal de Thetford Mines, Yves Bergeron, a fait valoir qu’une entreprise locale de structures d’acier manquait cruellement de travailleurs.

Les organismes qui aident les immigrants à s’installer en région et à y trouver du travail se disent négligés par le gouvernement et craignent de subir des compressions.

« On est tous à gratter les fonds de tiroirs et ils nous annoncent encore des coupures », a déploré lundi Éva Lopez au nom du Réseau des organismes de régionalisation de l’immigration au Québec (RORIQ), qui a eu vent que des compressions pourraient survenir dans son secteur.

Mme Lopez travaille pour un organisme d’intégration des immigrants basé à Thetford Mines. Le réseau compte une quarantaine d’intervenants comme elle un peu partout au Québec.

Le ministère de l’Immigration du Québec (MIDI) leur alloue 16 millions de dollars par année à partir des fonds de 320 millions que lui fournit à cette fin le gouvernement fédéral.

Le RORIQ reproche à Québec de ne pas consacrer une plus grande part des fonds à la régionalisation de l’immigration et d’utiliser les 304 millions qui restent ailleurs (notamment pour de l’aide à l’immigration dans d’autres ministères).

Ils comprennent encore moins qu’on puisse songer à leur imposer des compressions puisque l’aide fédérale a augmenté ces dernières années.

Pénurie de main-d’oeuvre

« C’est injustifiable que le gouvernement néglige l’intégration des immigrants en région alors que c’est là qu’il y a une pénurie de main-d’oeuvre, c’est là qu’il y a un déficit démographique », a poursuivi Mme Lopez lors d’une conférence de presse à Saint-Lambert-de-Lauzon en compagnie de divers acteurs du milieu.

Un conseiller municipal de Thetford Mines, Yves Bergeron a fait valoir qu’une entreprise locale de structures d’acier manquait cruellement de travailleurs. « Chez nous, il y a des pancartes “nous embauchons” partout. »

Un jeune homme d’origine sénégalaise, Étienne Diatta, avait aussi été invité à parler de sa nouvelle vie à Baie-Saint-Paul où il travaille pour l’hôtel La Ferme. « J’ai pu m’intégrer rapidement; même qu’aujourd’hui j’encadre des jeunes au soccer », a-t-il dit.

Compressions non confirmées

 

Au cabinet de la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, on ne confirme pas que des compressions sont au programme, mais on ne l’infirme pas non plus. « La ministre tient à réitérer que le ministère va continuer à investir dans les régions », a indiqué son attaché de presse David McMahon. « Ça inclut les organismes communautaires qui offrent des services d’accueil, de francisation d’intégration. »

Quant à d’éventuelles compressions en 2015, le porte-parole ajoute que cela sera discuté cet hiver avec le reste lors d’une grande consultation sur le plan d’immigration gouvernemental pour les années 2016 et suivantes. « Ce sera l’occasion idéale pour discuter des besoins en matière d’immigration. »

Le RORIQ dit avoir aidé 5964 immigrants à s’installer en région au cours des cinq dernières années dont 3254 se sont trouvé du travail. Malgré ces réussites apparentes, c’est relativement peu quand on sait que plus de 50 000 immigrants arrivent au Québec chaque année.

Cette année, le ministère québécois de l’Immigration a dû réduire ses dépenses de 10 % dans le cadre de l’effort budgétaire imposé à tous les ministères, et certaines compressions mineures ont touché des organismes membres du RORIQ. Le réseau sera aussi indirectement touché par l’abolition des Conférences régionales des élus qui étaient très actives dans le domaine de l’immigration.

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