Au nom de 915 municipalités, de 86 MRC et de 7000 élus

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités
La Fédération québécoise des municipalités du Québec (FQM) rassemble autour de dossiers communs la majorité des municipalités locales et régionales; celles-ci ont pris forme et se déploient sur une très grande superficie du territoire québécois. À l'aube de sa 70e assemblée générale annuelle, son président, Bernard Généreux, en dégage les caractères distinctifs, se penche sur les grands sujets de l'heure qu'elle aborde et fait appel au respect des différences dans des lieux marqués par leur diversité.
Le président de la FQM est maire de Saint-Prime et préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, au Lac-Saint-Jean; Bleuet d'adoption, il est originaire des Laurentides et c'est un homme baigné de régions. Il trace ce portrait du mouvement qu'il dirige: «On se présente souvent comme la force de celles-ci, en raison de la composition de notre regroupement.»La FQM compte dans ses rangs 915 municipalités, 86 MRC et 7000 élus; la population de ces entités urbaines varie d'une poignée d'habitants en certains endroits jusqu'à 25 000 dans quelques villes: «Au Québec, il y a environ 1300 municipalités et on forme la représentation du Québec des régions, ce qui inclut toute la dimension de la ruralité.» À l'exception des grandes villes fusionnées, les communautés métropolitaines sont également des membres de la Fédération à titre de représentants.
Le président déduit de cet inventaire que «la Fédération a la prétention d'être un interlocuteur incontournable de la réalité et de la diversité municipales au Québec. Il est certain que l'Union des municipalités [UMQ], qui est notre vis-à-vis, est davantage un mouvement qui est porteur d'enjeux reflétant des préoccupations plus urbaines.» Quant à sa mission, la FQM exerce un pouvoir d'influence: «On gère des services publics rendus aux citoyens et notre rôle est d'être en constantes relations avec le gouvernement pour que des décisions soient prises dans le sens des pressions de nos membres et des moyens nécessaires à l'accomplissement de leurs fonctions.»
Les préoccupations des milieux
M. Généreux survole les dossiers majeurs à l'ordre du jour de la Fédération: «La loi sur les mines est actuellement au feuilleton. On veut une place beaucoup plus significative du monde municipal dans ce secteur, parce qu'on sait que cette loi a jusqu'à maintenant une préséance sur toutes les autre formes de planification, qu'elles soient municipales ou autres; on veut sortir de cette façon de faire, et des pressions sont faites dans ce sens-là. On veut qu'on intègre davantage la responsabilité municipale dans l'accompagnement de ce que doit être un projet minier du vingt et unième siècle, ce qui représente un changement majeur dans la responsabilité de la planification et de l'aménagement des territoires.»
Il se tourne vers l'agriculture: «Un livre vert est présentement en circulation à des fins de consultation. On souhaite un plus grand arrimage entre nos planifications et celles qui se sont un peu développées comme dans une bulle à l'intérieur d'une propre dynamique; on réclame que l'enjeu agricole, comme possibilité de développement, soit davantage intégré à nos démarches. Le livre, qui découle de la commission Pronovost, semble nous donner des ouvertures sur toute cette question dont relève le problème de la gestion de la zone agricole, qui est au coeur de bien des débats, notamment sur les territoires métropolitains en périphérie des grands centres urbains. On doit trouver le moyen de concilier les objectifs de développement de ces territoires-là, en matière de services municipaux, avec l'obligation qu'on a de préserver les sols agricoles.»
Au chapitre des communications, il est connu que les régions éloignées et le monde rural se battent depuis plusieurs années pour obtenir des services Internet à haute vitesse en des lieux éloignés: «Ceux-ci sont devenus indispensables au développement en ces endroits-là et ils sont nécessaires à l'implantation des populations. On doit réaliser des avancées là-dessus; on progresse et on est bien heureux de voir que notre demande à ce propos a été entendue dans le dernier budget gouvernemental, qui contient une enveloppe de 900 millions de dollars sur dix ans pour la réalisation d'un plan numérique.»
Par la suite, la politique nationale de la ruralité retient elle aussi l'attention du président: «On est en train d'interpeller le gouvernement sur la nécessité de poursuivre dans cette lignée-là, alors qu'on est à mi-mandat de la politique de deuxième génération. Les réussites qu'on a obtenues et les gains réalisés ont été salués par l'Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], qui nous dit qu'on a au Québec une politique qui est à l'avant-garde de tous les pays qui font partie de cette organisation. On nous recommande de réaffirmer et de consolider le rôle de la MRC comme lieu de concertation territoriale autour des enjeux de la ruralité.» Il interpelle par conséquent le gouvernement pour que le processus de négociation reprenne le plus rapidement possible en vue d'en arriver à une politique de troisième génération sur un horizon de deux ans.
La FQM est vivement préoccupée par le dossier majeur de l'occupation du territoire qui, à son avis, chapeaute tous les autres: «Il y a de tout là-dedans et il y a même la réconciliation entre le monde urbain et le monde rural, alors qu'on trouve peut-être là la possibilité de reconnecter le Québec à ses propres réalités et ses propres potentiels. Cette problématique sous-tend un contrat de société.» Il reviendra plus en détail et en profondeur sur ce sujet et sur la loi relative à l'aménagement et à l'urbanisme, dans un autre article de ce cahier.
Un Québec face à ses différences
Le monde régional et rural québécois fait preuve de beaucoup de diversité et il est complexe de le cerner avec homogénéité, tant il est vaste de superficies variées et tant il est multiple dans ses réalités. Bernard Généreux considère qu'il s'agit là d'une réalité difficile à contourner: «En fait, la palette de diversités qu'est le Québec, je la lis comme une occasion à saisir. C'est tout à fait correct de constater les différences mais, souvent, le problème qu'on a, c'est d'avoir la fâcheuse manie de vouloir mettre tout le monde dans le même modèle et le même moule.»
Il étoffe ses propos en se référant à la politique de la ruralité: «Il y a une disposition là-dedans qu'on appelle la clause modulatoire, qui consiste en l'engagement du gouvernement à modeler ses programmes en fonction justement de l'originalité et de la particularité des territoires; il doit donc, avec ses ministères,
intégrer cette idée de la modulation et, une fois qu'une entente a été signée avec ses partenaires, il doit la mettre à exécution, ce qui n'est pas évident: c'est beaucoup plus facile pour un gouvernement ou un ministère de dire que ce qu'il décide pour l'un est bon pour tout le
monde. Comment jouer la modulation? Voilà l'enjeu de cette politique nationale; il faut continuer de réfléchir de cette façon, car on ne peut arriver à mettre tout le monde dans le même moule, ce qui est très clair.»
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Collaborateur du Devoir
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