Parti PRO des Lavallois - Des fonds publics pour les dépenses personnelles de Jean Bertrand
Le représentant officiel du Parti PRO des Lavallois, l'avocat Jean Bertrand, profite de façon personnelle des deniers publics réservés aux élus. Au cours des sept dernières années, les contribuables lavallois ont payé les services de téléphonie cellulaire privés de M. Bertrand, des cartes d'affaires, une portion de son bureau d'avocat et même son abonnement annuel à Costco qu'il partage avec sa conjointe.
Le Devoir a épluché les factures présentées par le PRO, entre janvier 2005 et 2011, afin d'obtenir un remboursement de la part de la Ville de Laval en vertu des dispositions législatives permettant de soutenir financièrement le travail de recherche et de secrétariat des conseillers municipaux.Selon les documents consultés, deux numéros de téléphone sont facturés au PRO qui, par la suite, en réclame le remboursement à la Ville de Laval. L'un des numéros correspond à la permanence du parti politique de Gilles Vaillancourt.
L'autre est le cellulaire de Jean Bertrand. Les factures mensuelles s'élèvent, en général, entre 70 $ et 100 $. M. Bertrand a ainsi obtenu des remboursements d'au moins 5000 $. Lorsque Le Devoir l'a joint à ce numéro, à la mi-juillet, M. Bertrand s'est enflammé: «Je ne veux plus que vous me téléphoniez sur mon téléphone privé. Je ne veux plus discuter avec vous.»
Depuis 1984, Jean Bertrand est le représentant officiel du PRO des Lavallois. En 2006, il est devenu avocat-conseil chez Dunton-Rainville. Ce cabinet d'avocats reçoit de très nombreux mandats de la part de Laval (d'une valeur de plus de 10 millions depuis cinq ans).
Auparavant, Me Bertrand avait sa place d'affaires dans les mêmes locaux que le PRO des Lavallois, un édifice lui appartenant, rue du Pont-Viau. Le porte-parole du parti, Pascal Saint-Denis, assure que cela ne constituait pas un problème, et ce, même si les taxes municipales et scolaires ainsi que les assurances ont été payées par le PRO et remboursées par le budget de Laval dévolu à la recherche et au secrétariat.
Aussi, le PRO a fait imprimer 500 cartes d'affaires pour Me Bertrand, en 2009. Selon M. Saint-Denis, il s'agit essentiellement d'un outil politique alors que Laval était en campagne électorale.
Dans la longue liasse de factures, on retrouve également, année après année, le renouvellement de la carte de membre des magasins Costco. En juin 2010, cela a constitué un débours de 56,44 $, qui a été payé à même les coffres de la municipalité.
Pascal Saint-Denis soutient que la carte Costco est celle du PRO. Or la facture indique bien que les détenteurs sont Jean Bertrand et Ginette Lessard, la conjointe de ce dernier. De plus, pourquoi le PRO utiliserait une carte personnelle Costco pour faire des achats (extrêmement rares, par ailleurs), alors que le magasin offre une carte destinée aux entreprises? M. Saint-Denis maintient sa version des faits.
Quant au principal intéressé, il a refusé de parler directement au Devoir. En juillet dernier, il avait toutefois déclaré n'avoir «jamais pris un sou noir». «La politique, c'est ma passion», avait-il lancé comme explication.