Les villes se mobilisent contre l'invasion des antennes

«C'est plus difficile pour un citoyen de construire un cabanon dans sa cour que pour une compagnie de téléphonie mobile de planter une antenne dans une municipalité», résume la mairesse de Châteauguay, Nathalie Simon.
Depuis 2008, Châteauguay tente d'empêcher la compagnie Rogers d'installer une antenne de 35 mètres à proximité d'un quartier résidentiel. Elle a même engagé des procédures d'expropriation pour offrir à l'entreprise un terrain en zone industrielle. Peine perdue puisque Rogers n'en a pas voulu, et l'affaire est maintenant devant les tribunaux.
Les entreprises de téléphonie mobile sont tenues de respecter les normes établies par Industrie Canada et de se conformer au «code de sécurité 6» instauré par Santé Canada. Pour des antennes de grande taille, elles doivent consulter les résidants du secteur et les autorités locales, mais, en cas de litige, c'est Industrie Canada qui aura le dernier mot.
Quant à l'impact des ondes électromagnétiques sur les humains, Santé Canada assure que lorsque ses normes sont respectées, «aucune donnée scientifique n'indique que les stations de base sont dangereuses pour le public.» Mais des doutes persistent, notamment en ce qui a trait aux effets à long terme des ondes électromagnétiques sur les organismes vivants.
«Le même problème a été soulevé avec les gaz de schiste. On a très peu de recours et, en même temps, on est pris avec une loi qui est obsolète, déplore la mairesse Simon. On doit non seulement se défendre contre l'envahisseur, mais aussi contre le gouvernement pour lui demander de respecter la population plutôt que l'industrie.»
Prolifération inévitable
Les compagnies de téléphone mobile soutiennent qu'elles font tout pour trouver des sites où l'impact sera moindre pour la population locale, mais la multiplication des antennes est inévitable, soutient Sébastien Bouchard, porte-parole de Rogers Communications: «Il y a de plus en plus d'antennes parce que les gens veulent faire de la transmission de données ou écouter de la vidéo sur demande en haute définition. Ils veulent faire plein de choses sur leurs appareils mobiles, ce qui demande beaucoup de capacité sur les réseaux.»
L'été dernier, des résidants de l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles ont constaté qu'à leur insu des boîtes métalliques surmontées d'antennes avaient été installées sur les poteaux d'Hydro-Québec devant leurs propriétés. Les propos rassurants des compagnies de télécommunications n'ont pas dissipé leurs inquiétudes. «Reste qu'on n'en veut pas pareil. Et qui me dit que ce n'est vraiment pas dangereux? Ça m'inquiète», relate une résidante.
Alertée, la conseillère municipale de Vision Montréal, Caroline Bourgeois, a entrepris quelques démarches auprès de l'arrondissement, mais elle s'est vite rendu compte qu'il lui serait difficile, voire impossible, de faire retirer ces antennes. Le règlement sur les réseaux câblés de la Commission des services électriques de Montréal a eu préséance sur les règlements de zonage d'arrondissement qui interdisent ce type d'installation en milieu résidentiel, explique-t-elle: «C'est sûr qu'esthétiquement parlant, ce n'est pas vraiment joli, mais c'est aussi la façon de procéder qui est pour moi vraiment questionnable. L'arrondissement est responsable des questions d'urbanisme et de planification du territoire, mais du jour au lendemain, on nous arrive avec ces antennes, unilatéralement. J'ai un problème avec ça.»
Son parti a donc décidé de déposer une motion à la séance du conseil municipal de novembre dernier proposant d'interdire l'installation d'antennes qui dérogent au plan d'urbanisme. Le sujet n'a même pas fait l'objet de débats, car tous les partis se sont immédiatement entendus pour mettre sur pied une équipe d'élus afin de se pencher sur le problème. Désireux d'y voir plus clair dans cet enchevêtrement législatif, le responsable du développement économique au comité exécutif, Richard Deschamps, s'attend à ce que le comité formule des recommandations d'ici quelques mois.
Plusieurs arrondissements ont été confrontés à l'apparition impromptue d'antennes dans le paysage urbain. À Verdun, Vidéotron s'est entendue avec la Commission scolaire Lester B. Pearson pour installer des antennes sur la corniche arrière d'une école, au grand dam des élus municipaux qui en ont été avisés seulement après le fait. À Anjou, le maire Luis Miranda se plaint depuis des mois d'assister sans pouvoir intervenir à la prolifération d'antennes dans son arrondissement.
Contrôler l'anarchie
Certaines municipalités, comme Gatineau et Longueuil, ont tenté de contrôler l'anarchie. Le conseil municipal de Gatineau a modifié l'an dernier sa réglementation afin, notamment, d'imposer une distance minimale de 500 mètres des habitations pour l'installation de pylônes ou de tours de plus de 15 mètres. Pour sa part, Longueuil a adopté une politique de gestion des systèmes d'antennes la semaine dernière pour que toutes les demandes des entreprises de télécommunications transitent par le comité exécutif.
Devant l'inquiétude grandissante des villes, l'Union des municipalités du Québec a elle aussi décidé d'examiner le dossier de plus près afin que les villes puissent avoir un meilleur contrôle sur l'implantation des antennes. Pour la mairesse de Châteauguay, cette mobilisation des villes québécoises est encourageante et témoigne bien de l'ampleur du problème.
Depuis 2008, Châteauguay tente d'empêcher la compagnie Rogers d'installer une antenne de 35 mètres à proximité d'un quartier résidentiel. Elle a même engagé des procédures d'expropriation pour offrir à l'entreprise un terrain en zone industrielle. Peine perdue puisque Rogers n'en a pas voulu, et l'affaire est maintenant devant les tribunaux.
Les entreprises de téléphonie mobile sont tenues de respecter les normes établies par Industrie Canada et de se conformer au «code de sécurité 6» instauré par Santé Canada. Pour des antennes de grande taille, elles doivent consulter les résidants du secteur et les autorités locales, mais, en cas de litige, c'est Industrie Canada qui aura le dernier mot.
Quant à l'impact des ondes électromagnétiques sur les humains, Santé Canada assure que lorsque ses normes sont respectées, «aucune donnée scientifique n'indique que les stations de base sont dangereuses pour le public.» Mais des doutes persistent, notamment en ce qui a trait aux effets à long terme des ondes électromagnétiques sur les organismes vivants.
«Le même problème a été soulevé avec les gaz de schiste. On a très peu de recours et, en même temps, on est pris avec une loi qui est obsolète, déplore la mairesse Simon. On doit non seulement se défendre contre l'envahisseur, mais aussi contre le gouvernement pour lui demander de respecter la population plutôt que l'industrie.»
Prolifération inévitable
Les compagnies de téléphone mobile soutiennent qu'elles font tout pour trouver des sites où l'impact sera moindre pour la population locale, mais la multiplication des antennes est inévitable, soutient Sébastien Bouchard, porte-parole de Rogers Communications: «Il y a de plus en plus d'antennes parce que les gens veulent faire de la transmission de données ou écouter de la vidéo sur demande en haute définition. Ils veulent faire plein de choses sur leurs appareils mobiles, ce qui demande beaucoup de capacité sur les réseaux.»
L'été dernier, des résidants de l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles ont constaté qu'à leur insu des boîtes métalliques surmontées d'antennes avaient été installées sur les poteaux d'Hydro-Québec devant leurs propriétés. Les propos rassurants des compagnies de télécommunications n'ont pas dissipé leurs inquiétudes. «Reste qu'on n'en veut pas pareil. Et qui me dit que ce n'est vraiment pas dangereux? Ça m'inquiète», relate une résidante.
Alertée, la conseillère municipale de Vision Montréal, Caroline Bourgeois, a entrepris quelques démarches auprès de l'arrondissement, mais elle s'est vite rendu compte qu'il lui serait difficile, voire impossible, de faire retirer ces antennes. Le règlement sur les réseaux câblés de la Commission des services électriques de Montréal a eu préséance sur les règlements de zonage d'arrondissement qui interdisent ce type d'installation en milieu résidentiel, explique-t-elle: «C'est sûr qu'esthétiquement parlant, ce n'est pas vraiment joli, mais c'est aussi la façon de procéder qui est pour moi vraiment questionnable. L'arrondissement est responsable des questions d'urbanisme et de planification du territoire, mais du jour au lendemain, on nous arrive avec ces antennes, unilatéralement. J'ai un problème avec ça.»
Son parti a donc décidé de déposer une motion à la séance du conseil municipal de novembre dernier proposant d'interdire l'installation d'antennes qui dérogent au plan d'urbanisme. Le sujet n'a même pas fait l'objet de débats, car tous les partis se sont immédiatement entendus pour mettre sur pied une équipe d'élus afin de se pencher sur le problème. Désireux d'y voir plus clair dans cet enchevêtrement législatif, le responsable du développement économique au comité exécutif, Richard Deschamps, s'attend à ce que le comité formule des recommandations d'ici quelques mois.
Plusieurs arrondissements ont été confrontés à l'apparition impromptue d'antennes dans le paysage urbain. À Verdun, Vidéotron s'est entendue avec la Commission scolaire Lester B. Pearson pour installer des antennes sur la corniche arrière d'une école, au grand dam des élus municipaux qui en ont été avisés seulement après le fait. À Anjou, le maire Luis Miranda se plaint depuis des mois d'assister sans pouvoir intervenir à la prolifération d'antennes dans son arrondissement.
Contrôler l'anarchie
Certaines municipalités, comme Gatineau et Longueuil, ont tenté de contrôler l'anarchie. Le conseil municipal de Gatineau a modifié l'an dernier sa réglementation afin, notamment, d'imposer une distance minimale de 500 mètres des habitations pour l'installation de pylônes ou de tours de plus de 15 mètres. Pour sa part, Longueuil a adopté une politique de gestion des systèmes d'antennes la semaine dernière pour que toutes les demandes des entreprises de télécommunications transitent par le comité exécutif.
Devant l'inquiétude grandissante des villes, l'Union des municipalités du Québec a elle aussi décidé d'examiner le dossier de plus près afin que les villes puissent avoir un meilleur contrôle sur l'implantation des antennes. Pour la mairesse de Châteauguay, cette mobilisation des villes québécoises est encourageante et témoigne bien de l'ampleur du problème.